#2217

Londres encore et toujours (4)

Bloguer est un sacerdoce, une ascèse, particulièrement lorsqu’il est déjà tard et que vous êtes tellement las d’avoir marché des kilomètres et des kilomètres et des kilomètres que vous auriez seulement envie de vous effondrer sur votre lit… Mais hauts les coeurs, il faut bloguer, évoquer au moins de façon succincte la journée qui s’achève. Et pour s’achever, elle le fit de superbe manière: sur suggestion de Gwenn, nous allâmes dîner chez Criterion, la brasserie de luxe sur Piccadilly Circus. J’avoue que je n’avais même pas songé, jusqu’à présent, à aller voir les prix pratiqués par Criterion et Simpson-in-the-Strand, les deux grandes brasseries victoriennes. En vérité, ce n’est pas si cher. Et quel bonheur que d’avoir l’occasion de s’installer sur les fauteuils bas de la partie bar en attendant que la table soit prête, sous les vieux ors de la déco « byzantine » (le Criterion n’a pas changé d’un iota depuis l’époque où le docteur Watson vint un boire un verre et y rencontra son ancien infirmier, qui justement connaissait quelqu’un cherchant un colocataire — un certain Sherlock Holmes). J’avoue (bis) que je pensais qu’il fallait un minimum de « dress code », mais même la nouvelle crête punk de Simon (que s’est rasé barbe et cheveux hier matin) n’a pas provoqué le moindre haussement de sourcil. Une chanteuse jazz était au piano, puis l’on vint nous prévenir que notre table était libre, nous posâmes nos affaires au vestiaire avant de suivre une mince jeune femme dans la salle, toujours dans cette lumière ouatée et dans l’éclat des miroirs et des ors byzantins, sous de vastes tentures. Incroyable. Quant au repas, fin et délicieux, comme il se doit. Le tout avec uniquement des serveurs français, curieux paradoxe dépaysant.

Sinon? Eh bien, après la journée d’hier plutôt chez les salauds de pauvres, nous sommes allé faire un tour chez les gens aisés: Highgate et Hampstead. Avec visite des deux cimetières d’Highgate, celui d’ouest au pas de course vu la vénalité des exploitants des lieux — c’est bien dommage et assez déplaisant, car les lieux sont saisissants d’étrangeté, mais la guide nous mena tout de même à ma demande jusqu’à la tombe de Lizzie Siddal et Christina Rossetti, hooray hooray. Puis visite lente et longue du cimetière est, avec un Gwenn photographiant de l’ange victorien à tout va. Nous l’abandonnâmes au bout d’un moment, l’attente menaçant de nous pétrifier de froid. Simon et moi allâmes donc trouver un gentil pub sur Highgate Hill, boire un thé pour nous remettre. Car le froid est de retour, ciel gris, bas, fort taux d’humidité. Au retour de notre vaillant photographe, nous traversâmes Hampstead Heath, mélange de lande / parc / bois, et ce en visant boussole à la main la direction d’un célèbre pub… qui n’est hélas plus qu’un repère de new-ago thérapie. Les estomacs grondant, nous surmontâmes notre légère déception pour redescendre sur Hamstead et, après un trajet un peu tortueux dans les petites rues résidentielles, atteindre le cimetière d’Hampstead, plat et un peu trop bien entretenu, mais présentant une double chapelle assez étonnante.

Et demain est un autre jour: un bouquin et au lit.