#2264

Quatre jours de congés. Fraîcheur, verdure, quel soulagement. C’est bien une idée de citadin que de croire que les nuits à la campagne sont paisibles — aboiements incessants, hululements, pépiements, craquement végétaux divers… De retour, me restent en tête l’attendrissante beauté des enfants mâles de la lignée (réunion de famille annuelle) ; une conversation avec la célébrité de la parentelle, le réalisateur Jacques Richard ; le traditionnel tour en forêt, en passant devant la maison de Blanche-Neige (et la mine des sept nains) ; la mer de fougères sous les grands pins qui murmurent ; les rails luisants sur les cailloux rouges ; la perspective soyeuse d’une pelouse en pente douce ; l’oie qui se trémousse comme si elle portait une crinoline ; les rues médiévales du Mans, comme un décor de musée ; une venelle oubliée de Chinon, grimpant sur le coteau entre caves demeurantes à l’abandon et jardin en friche, où un chat orange se prélasse sous les abricots ; puis une autre montée, comme quoi l’on peut fort bien faire de l’exploration urbaine même dans une si petite ville ; les vieilles photos de famille, avec le mystère du gros monsieur et de son frère prêtre, inconnus au bataillon, et de ce portrait de mariage Belle Époque aux protagonistes tout aussi inindentifiés ; relire du Christopher Fowler en se calant le dos pour échapper aux douleurs du lumbago ; l’odeur d’herbe après la pluie dans le jardin, sous la tonnelle de roses et sous le prunier ; la brulure piquante de la poussière dans le grenier, à la recherche de vieux numéros de Spirou.