#2349

Communiqué de presse : Naissance du collectif « Les Indés de l’Imaginaire ».

Les éditions Mnémos, Les Moutons électriques et Actusf ont le plaisir d’annoncer la création d’un collectif regroupant les trois structures.

Fin 2012, nos trois maisons d’édition, officiant depuis de nombreuses années dans la science-fiction et la fantasy et ayant publié au total plus de 500 livres, ont décidé de s’associer au sein d’un collectif afin de mutualiser une partie de leurs moyens, notamment au niveau de la promotion et de la communication. Parmi les premières pistes explorées, nous allons partager des stands sur des salons, organiser des petits déjeuners pour les libraires dans différentes régions, organiser des opérations destinées à aider les librairies, planifier des sorties communes et mutualiser un catalogue. Nous partons du principe qu’ensemble nous serons plus visibles et que notre regroupement au sein d’un collectif est une manière d’essayer de répondre aux problématiques de l’édition et de la librairie aujourd’hui.

Ce regroupement a été facilité par le fait que nous évoluons dans le même univers des littératures de l’imaginaire, que nous sommes tous basés en région Rhône-Alpes, et que nous avons le même diffuseur-distributeur, Harmonia Mundi Livre. Surtout, nous nous connaissons et nous nous apprécions depuis de longues années, et nous partageons une véritable envie d’avancer au sein du collectif. Celui-ci n’est pas dans notre esprit une structure « contre » les autres éditeurs, bien au contraire : il s’agit d’un outil pour la promotion des littératures de l’imaginaire. Être trois est pour nous une première étape, pendant laquelle nous apprenons à travailler ensemble.

Lyon, le 18 janvier 2013. Frédéric Weil, Nathalie Weil, André-François Ruaud, Raphaël Colson et Jérôme Vincent.

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#2348

Chez Kate Griffin l’ensemble des effets de style, la manière dont elle syncope sa langue et aligne de nerveuses descriptions, sert directement le sentiment urbain qu’elle veut atteindre. Chez elle, Londres vibre, on ressent réellement la ville. Tandis que chez China Miéville, dont je lis actuellement Kraken, il me semble qu’une majeure partie des effets de style, le vocabulaire volontairement obscur, les tournures alambiquées, s’ils correspondent au goût du mystère (au sens religieux) des sectes mises en scène dans cette très amusante intrigue, vient en revanche à l’encontre à la fois de la fluidité de lecture (je bute souvent sur ce qui me paraît d’exagérées fioritures) et du sentiment de la ville. Pourtant, ici ou là de superbes formules et des idées renversantes émergent, mais le flot lexical, l’amour des phrases tordues et des associations d’idées peu explicites, tend à les submerger. Il faut accepter de se laisser porter par ce torrent, on est dans le moite et le brumeux, tandis que chez Griffin l’écriture est de l’ordre de l’électrique, du vif (au sens où l’on dit d’un climat qu’il est vif, crisp en anglais).

J’ai également lu deux larges morceaux du Grand incendie de Londres de Jacques Roubaud, c’est-à-dire la partie « Nothing doing in London » et son commentaire — le reste de cet ouvrage me semble d’un fumeux et d’une prétention sans nom, mais ces passages d’un journal londonien de Roubaud sont rédigés avec une admirable clarté et j’y retrouve, formidablement bien exprimés, les sentiments qui m’animent aussi lors de mes promenades à Londres. (les dernières desquelles me laissent en tête un nombre prodigieux d’images, qui tournent et tournent comme un grand paysage interne, une très belle provision d’images et d’impressions)

Enfin j’avance avec plaisir dans une biographie de Christopher Isherwood, celle de Parker (2004). Après avoir tant et tant lu et relu Isherwood, qui ne dévoile jamais que voilée et réinterprétée sa propre vie, lire une biographie complète est une expérience fascinante. Cet homme, sa vie, son époque et ses amis sont une vieille passion mienne. Sans doute peu connu en France, j’imagine, Isherwood continue en revanche à bénéficier d’une importante aura dans le monde britannique. À preuve il y a peu ces deux très belles et fidèles adaptations, au cinéma A Single Man avec Colin Firth en Isherwood âgé, et le téléfilm Christopher and His Kind avec Matt Smith dans ce rôle jeune.

#2347

Un ami m’écrivait l’autre jour qu’il désespérait un peu devant l’entassement des livres à lire et que sa bibliothèque lui semblait un cimetière, tant il ne parviendrait jamais à tout lire. J’ai assurément un point de vue diamétralement opposé : ce qui m’excite, me rassure, me fait vivre, c’est l’idée qu’il y a tant et tant de rencontres livresques encore à faire, de livres à lire, d’auteurs à découvrir… Ce qui m’angoisserait, moi, ce serait de me dire que le champ littéraire est fini. Et je lis sous la plume de Jacques Roubaud une belle formule sur cela : le « bourdonnement implicite à mes oreilles de la quasi-infinité potentielle des livres confortablement imaginables à ma disposition ».

#2345

Beaucoup écrit et encore plus, beaucoup, beaucoup lu, ces derniers temps. Ou relu, aussi. Genre un Plodoc et quelques nouvelles de Miyazawa, de toute évidence, et puis le corbeau philosophe de Sébastien Rutés chroniqué plus bas. Mais aussi, la trilogie Leviathan de Westerfield, conseillée par un ami et c’est vrai que c’est bien sympa, très prenant, du steampunk/uchronie pour la jeunesse. Dommage seulement qu’il y ait tant de trous dans la logique interne, et surtout un vraiment énorme. Relu du Neil Gaiman : Neverwhere, bien meilleur que dans mon souvenir — et précurseur de toute la fantasy urbaine anglaise actuelle, ses motifs ne cessent de réapparaître. Et Good Omens, moins bon que dans mon souvenir, mais bien rigolo quand même.

Rattrapé mon retard en Kate Griffin, avec un nouveau tome toujours splendide, électrique et hautement évocateur de la série « Midnight Mayor », The Minority Council. Le style de Kate Griffin ne cesse de m’épater, cette force, cette beauté, et c’est tellement Londres, comme jamais ailleurs la ville vibre dans une oeuvre de fantasy urbaine. Lu aussi son spin-off, très rigolo, Kate Griffin s’y essaye au pratchettisme, avec beaucoup de talent.

Trente crans en dessous, une trilogie par Benedictt Jacka (Taken, Cursed, etc), fantasy urbaine aussi, mais là Londres ne se ressent guère, c’est plaisant mais sans aucune profondeur, écrit vite et lu vite, ambiance série télé pour ados.

Je lis rarement des traduction de l’anglais, mais lu tout de même La Ville enchantée de Margaret Oliphant, traduit et publié par mon camarade Jean-Daniel Brèque. Mystérieux et prenant, en dépit de certaines lenteurs et lourdeurs victoriennes, et une langue ample. Juste avant, j’ai relu mon Anthony Trollope  favori, The Eustache Diamond. Toujours réjouissant. Entre Balzac et Wodehouse — si vous pouvez imaginer ça.

Et puis là je débute Kraken de China Miéville, qui m’a l’air bien amusant, bien tordu. Rien de tel que des calamars géants pour commencer l’année. Hier soir j’ai dévoré une bédé, La Cellule Prométhée par James aux dessins et Patrice Larcenet au scénario et aux couleurs, graphiquement c’est que du bonheur, James atteint des sommets (ah, je comprends qu’il râlait sur la pluie), et l’histoire relève de la catégorie « détectives de l’étrange » donc, forcément, j’ai adoré.