J’ai lu le Spirou de Frank Pé et Zidrou. Graphiquement, ça se cherche un peu trop, aucune synthèse n’est faite entre un Spirou super mignon, d’autres perso qui hésitent tout le temps entre réalisme et caricature, et même certains (les journalistes sur l’écran) qui retrouvent l’anguleux des débuts de l’auteur, qui a vraiment perdu la grâce de ses premiers Broussaille. Le résultat est d’une esthétique passablement bancale, pas aboutie. D’autant que le scénario ne semble pas fini non plus, brouillon pour ne pas dire bâclé : c’est quoi ce plan avec les champignons noirs, développé puis abandonné sans explication ?
Et bien entendu, les auteurs cherchent à caler ce pauvre Spirou avec une fille à la fin de l’histoire, ça devient vraiment une rengaine, ça — bon sang que j’en ai ras-le-bol de tous ces bédéastes hétéros bornés qui se croient absolument obligés d’ajouter un rapport amoureux à la femme. Il y a pourtant quelques jolis efforts ici, quelques allusions sympas, comme les conseils de Champignac au couple Fantasio – Spirou, ou la gamine qui voyant Fantasio demande à Spirou si c’est son mari — mais les auteurs ont cru nécessaire d’ajouter un Spip hilare à l’idée que Fantasio soit traité de « mari », eh bien quoi, c’est une insulte, « mari » ? Sans cette demi-case insultante le propos aurait été pour une fois un peu ouvert, mais non, on retombe toujours dans des ricanements homophobes. Bref, un album dont le dessinateur n’est à l’aise ni dans son style ni dans son propos. Un album de trop ?