Comme bien souvent, des envies de Londres me taraudent, que je ne saurai hélas concrétiser de sitôt. Et relisant avec délice le premier polar de Dorothy L. Sayers, Whose Body?, il me revient en mémoire une journée de décembre 2011 où alors que je m’étais lancé à la recherche des différents logis de James Bond et d’Agatha Christie dans Londres, j’avais traversé la Tamise afin de me rendre dans Battersea, sur une impulsion, vaguement sur la trace de cette première enquête de Lord Peter Wimsey. Je me souviens en particulier d’avoir eu la témérité de vouloir traverser Battersea Park. Si l’environnement urbain est dur — pierre, béton, brique, macadam — que dire de la nature? Sitôt entré dans le parc, je réalisai que la température venait de chuter de plusieurs degrés. Et alors que j’avançai sur un chemin, le froid monta brutalement dans mes jambes, me pénétrant jusqu’aux os. Les ombres s’étiraient en lames bleutées et le sol se barbouillait de boue. Impossible de tenir : je regagnai précipitamment le bord du parc et le trottoir extérieur, avant que de virer à un beau bleu schtroumpf. Tout de suite, la température redevint supportable. Il fit particulièrement beau, ce jour-là, je conserve le souvenir de cette lumière tendre et fragile sur Chelsea, glaciale et coupante sur Battersea, puis de nouveau chaude et rasante sur Pimlico.