Aller / retour
Un fleuve, une rivière, un ruisseau, puis les étendues de pins et de sapins, ensuite la blondeur des champs et le vert des vallonnements : sur son destrier électrique, le capitaine file pour un séminaire de travail des « Indés de l’imaginaire » en notre bonne capitale. De quoi finir le manuscrit qui me reste dans la liseuse ; on ne dira jamais assez l’avantage des lectures ferroviaires.
L’on dépasse à peine l’entassement des banlieues, depuis Montparnasse, que Paris est déjà oublié, le train surgit en plein pays agricole : à perte de vue, le poil dru et blond des chaumes, parfois une bande de terre labourée, et les grandes ombres des nuages qui glissent sur ce décor absolument rural et rigoureusement vide. Le monde technologique ne le marque que de quelques verticales : celles des pylônes électriques, des longs cous des éoliennes ou, parfois, du corps crayeux des silos.