#2961

Curieux comme fonctionne la mémoire et, avec l’enfermement qui fait peser sur nous tant de lassitude, j’ai l’impression que le vertige des souvenirs tournoie d’autant plus. Ainsi une scène d’atelier de théâtre dans un roman de James Blaylock vient-elle de m’imposer soudain un fragment de réminiscence incroyablement vif. Dans la petite chambre qui, tout en haut de chez mon grand-père à Chinon, empiétait sur le grenier, s’entassaient en décoration quelques curieux éléments marins : des flotteurs en épais verre glauque ficelés d’épaisses cordes rugueuses ; un petit requin empaillé dont je revois la courbe de sa queue repliée sur son corps et la couleur verdâtre ; et ce poisson lune également empaillé, d’un ocre orange grumeleux et qui dégageait une odeur dont le fantôme olfactif ce soir me fait froncer du nez. Je n’avais pas repensé à tout cela depuis des années, peut-être des décennies.

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