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Hier matin je me suis réveillé comme je venais de rêver d’un ancien camarade de fac, qui m’expliquait ce qu’il avait fait depuis – sauf qu’il semblait être encore dans la trentaine, tant il est vrai que je ne me rêve jamais vieux. En ouvrant les yeux, j’ai pensé « Pierre », me souvenant soudain de son prénom, et dans le même élan j’ai réalisé que ce camarade n’avait jamais existé. Restant couché encore quelques minutes, je me suis rendu compte que ce Pierre imaginaire brassait des souvenirs épars de quatre garçons différents – dont trois se prénommaient effectivement Pierre, je crois. Puis repensant à ce rêve, où je me promettais maintenant que j’étais de retour à Bordeaux d’aller revoir d’anciens lieux de mes études, j’ai compris avoir pour de bon fait un retour : pour la première fois en plus de 10 ans que je suis revenu vivre à Bordeaux, je venais… de revenir à Bordeaux, mais l’autre, celui des songes de villes que je faisais autrefois, à Lyon. Ces lieux dont je me souvenais et que je me promettais de revoir n’existaient pas, eux non plus : ils appartenaient au paysage de ces rêves urbains récurrents qui un temps occupaient mon imaginaire nocturne. Je les ai bien reconnus. Me voici donc enfin de retour à Bordeaux – des deux côtés du réel. Une forme de réconciliation.