#6028

Invisible, un esclandre de grues est passé ce matin dans le ciel cendré. Au-dessus de la place de la Bourse, une déchirure de nuées blanches érige des Alpes inconnues. Balade du samedi : d’un pont à l’autre avec crochets pour pèlerinage au siège de la société familiale de mon parrain et pour le jardin public, où je nourris un canard de quelques bribes de mon pain gascon à l’abricot. Passe un autre vol de grues, dans le bref moment d’azur des Chartrons.

#6014

Été me promener dans la douceur retrouvée du soir, séduit par les perspectives lumineuses d’un crépuscule tout en voiles mauves, en nuages flambants et en étincelles de lampadaires comme des festons oubliés des fêtes. Au bord de l’église tintaient les chocs d’un jeu de pétanque. Sur la voie ferrée gronda un convoi, dont le conducteur ponctua l’entrée en gare de quelques coups de corne.

#5049

Nos pas n’inscrivent généralement aucun signe sur le papier des rues. Les pistes muettes des trottoirs chaussent les pieds des façades ; des bosquets d’ombre s’accrochent aux parapets, aux gouttières, aux caniveaux, aux crinières des arbres, sous leurs troncs. Le vent marin viendra-t’il encore nous laisser respirer la semaine prochaine ? Le rouge charnu du soir ne se perce que de rares silhouettes humaines et sans doute de quelques rats. Brindilles, fenêtres et pavés sont autant de joyaux, çà et là, une seconde, sous le ciel sale.