Assis à la table du salon, je songe à lui. Plusieurs jours que mes réseaux témoignent de la disparition du romancier canadien Jean-Louis Trudel. Nous n’étions pas intimes mais je le considérais comme un ami, actionnaire attentif de ma maison d’édition, correspondant toujours bienveillant, et cette érudition ! Je venais même de relire son amusante nouvelle « Terre de liberté ». Fidèle à sa légende de grand marcheur (la fois où il passa me rendre visite à Lyon puis repartit pour aller voir Ayerdhal dans les monts du Lyonnais, si loin). Mort si soudainement à Vilnius où il était visiblement heureux de se trouver en résidence d’écriture. Jamais je n’aurais envisagé de pleurer ce copain, plus jeune que moi de quelques années. Je rumine une grande tristesse mais aussi une rage, celle de voir partir des cerveaux tels que Nicolas Nova et Jean-Louis Trudel alors que de tant de crétins jouissent d’une nuisible santé. Encore un membre de notre famille qui s’en va : arrêtez de mourir, les gens, c’est trop moche ce silence.
C’est un choc pour tout le milieu de la SF, au Canada et en France. Je fais mon deuil un jour à la fois. Mourir si loin et en faisant ce qu’il aimait le plus. C’est une consolation, bien maigre.