Pat Murphy a quelques romans traduits en France – dont le très étrange Nadya, chez J’ai Lu. Lisa Goldstein a elle aussi une poignée d’oeuvres trouvables en France — notamment chez Rivages. Michaela Roessner, elle, hélas, n’a rien de traduit.
Pourquoi je vous dis ça? Parce que ce sont trois autrices (américaines) que j’adore, vraiment — j’essaye de ne jamais manquer un de leurs bouquins.
Parce que j’avais envie d’un peu parler d’elles.
Et parce qu’elles ont un lien: le site web Brazen Hussies, qui réunit quelques pages communes à ses trois filles hors du commun, et leurs propres pages persos.
Elles ne sont pas faciles à classifier: un peu gauchistes, franchement féministes, très cultivées, avec des oeuvres qui ne cessent de passer d’un genre à l’autre (SF, réalisme magique, fantastique, fantasy), ou de les mélanger… Ainsi Nadya de Pat Murphy est-il essentiellement un roman sur les pionniers & le territoire nord-américain, et sur la condition féminine — mais l’une des héroïnes est une louve-garou. Le fantastique y est à la fois discret & central. Mais le plus récent des Pat Murphy est un space opera comique!
Et quand les Brazen Hussies écrivent de la fantasy ce n’est, bien sûr, pas de la fantasy banale. Comme le dit Lisa Goldstein:
Fantasy is a form of story-telling where literally anything is possible. So why is so much fantasy about crumbly castles and six-hundred-year-old political systems? Not that I don’t like some of these novels; I just think there are other places the imagination can take you.
Et d’écrire The Red Magician (son premier roman, qui obtint un American Book Award) qui mêle camps de concentration & magie slave; ou The Dream Years, sur un voyage temporel d’André Breton entre le Paris des années 1920 & celui de mai 1968.
Pour sa part, Michaela Roessner a écrit successivement Walkabout Woman (où une jeune femme contemporaine, en Australie, est confrontée à la magie aborigène), Vanishing Point (de la SF post-cataclismique) et une trilogie de fantasy historique (dont sont déjà parus The Stars Dispose et The Stars Compel — j’en attends le troisième volume avec d’autant plus d’impatience que je devrais le lire en avant-première, l’autrice m’ayant gentiment demandé d’en corriger, le moment venu, les passages en français). Un sous-genre bien établi, que la fantasy historique, allez-vous me dire.
But historical fantasy with a twist, for she posits a world (our own world!) where food and cooking comprise one of the most powerful systems of magic. The story revolves around the life of young Caterina de’ Medici, and is told mainly from the point of view of two families of cooks: The Befaninis, who have served the Medici dynasty for generations, and the Aristas, master carvers and chefs to the astrologers/physicians family of the Ruggieros, and especially through the eyes of Tommaso Arista, who is the offspring of a union between the two culinary clans.
Parmi les liens unissant ces trois autrices, la cité de San Francisco joue le rôle de pivot (quoique Michaela s’en soit physiquement éloignée ses dernières années, puisqu’elle habite dans Kern County — derrière Santa Barbara, au-dessus de Los Angeles). Toutes les trois ont écrit un roman de SF sur SF, si j’ose dire. Et quel roman!
Pour Pat Murphy ce fut The City, Not Long After, qui se déroule entièrement dans San Francisco, avec la ville qui acquiert même peu à peu une sorte de conscience; pour Lisa Goldstein ce fut A Mask for the General, à propos de Berkeley et de la Baie en général; et pour Michaela Roessner, ce fut Vanishing Point, à propos de la Winchester House & de la Silicon Valley. Une trilogie splendide — mais je n’en dis pas plus, lisez donc le bouquin que j’avais consacré à San Francisco: on en parle en détail (Yellow Submarine n°130, San Francisco, ville de l’imaginaire — non, je n’ai toujours pas fait de site web pour YS, mais promis, un jour je m’y mettrais!).
Ah, San Francisco… J’espère pouvoir retourner un jour dans cette ville magique… *soupir*