#4035

« La ville ne se couvrait plus que d’une brume translucide, de quoi adoucir son visage, toute laideur gommée, et porter un halo humide autour des lumières. Le crépuscule tombait sur une London mouillée et brouillée. La Tamise frissonnait, onde silencieuse et sombre. »

La rentrée est bien là, avec ses urgences, ses nouvelles maussades, ses contraintes. Reviendrai-je à l’écriture de mes Bodichiev avant que n’arrivent les Hypermondes et le mois d’octobre ? J’en ai bien envie mais le réel a des résistances, la convalescence aussi.

#4034

« Tu n’arrives pas plus tôt dans un pays que les indices se répandent, que les faits se déclenchent, que les choses cachées se révèlent. » (Jacques Ouvard)

C’est la malédiction délicieuse du détective : sitôt arrivé quelque part qu’un crime se commet, qu’un mystère exige résolution. Je m’en amuse bien entendu dans mes Bodichiev (les polars uchroniques que je signe du pseudo d’Olav Koulikov, explique-t-il pour les plus distraits). Dans le recueil en cours de bouclage, les Archives d’un détective à vapeur, grippé et déprimé en vacances sur l’île des Dix petits nègres, Bodichiev par exemple doit enquêter sur le meurtre d’une jeune fille, ou bien en conférence à Oxford il découvre un suicide suspect. Et dans le plus récent recueil, les Confidences d’un détective à vapeur, en villégiature avec le jeune Viat sur la côte dalmate, les voici encore confrontés à la mort. Jamais tranquilles, quoi.

#4026

Même lorsqu’un chroniqueur exprime aussi bien son enthousiasme et sa compréhension de mon cycle d’uchronie que celui de Galaxies il n’y a pas longtemps, il trouve tout de même moyen de citer Sherlock Holmes et glisse à peine vers Poirot. Sans doute est-ce une difficulté que d’écrire du polar pour un lectorat SF : ils n’ont pas tellement la culture du roman policier. Car en vérité, je n’ai jamais songé à Holmes en écrivant mes petites histoires : Hercule Poirot oui bien entendu, et son assistant Hastings, furent mes premières inspirations – quelques reflets, disons. Puis une influence de Maigret pour Bodichiev, et un peu de Lord Peter pour Viat — venant de relire tout Dorothy Sayers j’y discerne bien les menues traces dont sa lecture marqua mon travail. Du Flaubert, une fois. Et Chapeau melon et bottes de cuir pour un certain charme. Mais tout m’influence ou me nourri, maintenant que je me suis vraiment réinvesti dans ce cycle. Puis aussi, en avançant dans tout cela, j’ai mis de plus en plus de micro touches de moi-même chez Bodichiev, et de mon fils à différents âges dans Viat. Parti d’archétypes je tends naturellement vers une peinture un peu plus personnelle, d’autant que j’alimente mes nouvelles de passages de mon blog, qu’ils soient rédigés intentionnellement pour Bodichiev ou bien que j’aille y « piocher » descriptions, ambiances, anecdotes ou souvenirs. Oui je sais, je n’arrête pas de parler de Bodichiev – que voulez-vous, il occupe pas mal mon esprit en ces mois de maladie et ces moments de langueur assez frustrants.

#4025

Des maux divers et variés de ces deux maudites années, perte de liberté, perte de revenus, perte de santé, perte de relations… l’un, pour moi, est l’absence de voyages. La dernière fois que j’ai pris des vacances, c’était pour un petit séjour à Londres début novembre 2019. Depuis, même le casanier que je suis piaffe dans cette immobilité forcée, à laquelle je n’ai encore échappé que pour un week-end récent dans le Nord. Sur Instagram je vois passer des photos de Londres, d’Édimbourg, de San Francisco… et cela n’en creuse qu’un peu plus mes souhaits de départs. D’autant que se pose aussi la question d’alimenter les récits de Bodichiev, généralement tissés de lieux et anecdotes réels. Creusant ma mémoire et mon blog, j’ai rédigé une nouvelle située à Florence (elle sera dans le troisième Fiction) et une autre à Oxford, mais je n’ai plus guère de réserves d’ailleurs — ai même écrite une nouvelle sur Raguse (Dubrovnik) où je n’ai jamais mis les pieds (dans le nouveau recueil)… Pourtant, j’aimerai bien qu’un futur recueil soit Voyages d’un détective à vapeur et il faudra trouver du combustible pour mon imaginaire… Enfin, en attendant je lis des livres de voyage et/ou de géographie…

#4023

Deux ou trois fois chacune, mes deux chattes descendirent miaulantes dans la petite chambre au niveau de la cave, exigeant de savoir ce que je faisais là. Comme elles n’entendent rien ni aux problèmes climatiques ni aux questions littéraires, je ne leur répondis point et continuai à taper au propre la troisième de mes nouvelles estivales. J’ai donc la tête qui sonne un peu comme une vieille cloche (fêlée, je veux dire), mais c’est enfin fait, tout est au propre (avant relecture et passage d’Antidote, s’entend). Et ainsi, presque achevé est le prochain recueil, alors que le nouveau vient à peine de paraître, que vous n’avez pas encore acheté ; simple étourderie de votre part j’en suis certain. Mais enfin, ainsi Archives d’un détective à vapeur prend bonne forme, ne me reste à finir que la nouvelle compilant des documents policiers divers (authentiquement basée sur des rapports photocopiés que mon fils me procura lors de ses études de droit, il y a déjà un certain nombre d’années). Et vogue l’uchronie, monsieur Bodichiev progresse tranquillement.