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Pendant quelques mois, j’ai sué sur trois biographies d’artistes. Ce fut sans doute l’un de mes travaux d’écriture les plus difficiles à mener à bien. Ce mois-ci et le mois prochain, ces trois « artbooks féeriques » sortent en librairie, avec un quatrième, non moins beau, dirigé par mon excellente camarade Christine. Le tout grâce à et sous le regard acéré de mon excellent camarade Poa. Ce fut une sacrée aventure, pas facile du tout, et j’ai fait un petit papier pour l’évoquer

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Soulagement : les trois « artbooks féeriques » monographiques sont bouclés, il reste encore au graphiste de la collection d’apposer une dernière fois ses mains magiques sur un ordi pour que les minuscules détails se corrigent (oui, c’est comme ça que ça marche), et ce sera bon. Dulac, Rackham et Robinson sont dans la boîte. La semaine prochaine, autre chantier : le volume collectif dirigé par mon excellente camarade Christine Luce, sorte de mini encyclopédie de l’art féerique. All work but also play…

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IMG_0169À quoi ça tient, des fois, une vie d’éditeur… Nous n’avions assurément pas prévu de nous mettre à publier une bonne partie de nos titres en petit format… Le hasard d’un texte court, puis d’un autre, puis d’un autre, et le constat du peu de rentabilité des inédits en format de poche Hélios, peu à peu ces conjonctions ont redessiné le catalogue des Moutons électriques vers ce que nous appelons entre nous la « petite Voltaïque », ce joli format 14 x 18,2 cm qui a une bonne main et semble réellement plaire… Et en voici déjà une belle douzaine de parus, c’est fou.

Sur les traces de Frankenstein

C’était il y a déjà dix ans de cela. La collection phare des Moutons électriques était alors la « Bibliothèque rouge », un concept assez original que j’avais mis au point avec la complicité de Xavier Mauméjean : des biographies de grandes figures mythiques de la littérature populaire, en particulier du roman policier. Nous avions publié des bio de Sherlock Holmes, Arsène Lupin, Hercule Poirot, Fantômas, Maigret et James Bond… et nous avions envie d’élargir un petit peu la collection. Vers l’aventure, par exemple. Un projet sur Conan commençait à prendre forme, un autre sur Tarzan échoua à de multiples reprises, et je bossais alors avec une assistante, Isabelle Ballester, et un stagiaire, Nicolas Lozzi.

En discutant avec eux, une envie nous vint de traiter de deux autres grandes figures mythiques, cette fois du fantastique : Dracula et Frankenstein. Immédiatement, Isabelle me demanda à lui laisser le grand vampire, auquel elle s’intéressait alors. Et tout naturellement, j’eus envie de me pencher sur le monstre de Frankenstein…

Enfin, « tout naturellement », c’est vite dit : très porté à la fois sur la fin du dix-neuvième et sur l’entre-deux-guerres, je n’avais pas particulièrement de compétences dix-huitiémistes — mais je pris cela comme un défi. Je me sentis très excité, en fait, par cet imaginaire qui s’ouvrait soudain devant moi : le romantisme, la première révolution industrielle, le gothique… Je me plongeai avec délice dans toute cette culture, lus des biographies de Percy Shelley et de Lord Byron par Maurois, me plongeai dans les vies tumultueuses de Mary Shelly, de Polidori ou de Claire Clairmont, étendis mon intérêt aux Lunar Men d’Erasmus Darwin, relus à la loupe le Frankenstein de 1831, découvris celui de 1818, dévorai quantité d’essais, allai même dénicher l’autobiographie du prétendu pirate John Trelawnay… Bref, ce fut pour moi l’occasion d’une plongée aussi rafraichissante qu’enrichissante dans plusieurs époques, avec le défi intellectuel de relier tout cela, de tisser les créateurs et la créature ensemble, si j’ose dire.

Quelques années plus tard, je me rendis chez un illustrateur afin de récupérer chez lui des travaux autour des mythes lovecraftiens – nous préparions Les Nombreuses vies de Cthulhu (dont la réédition vient de sortir, sous le titre Cthulhu !). J’étais pas mal en avance, il faisait beau, je m’assis sur un banc dans un square et, ayant apporté pour l’offrir mon Frankenstein, je me mis à me relire. Je n’ai pas l’habitude de m’admirer dans le miroir de ma propre prose, promis, une fois un livre paru je ne le relis à nouveau que s’il faut effectuer une réédition… Mais cette fois, je me relu, avec l’œil neuf, le recul que procure le relatif oubli de ce que l’on a bien pu rédiger auparavant… Et dois-je l’avouer ? Il me sembla ‘achtement bien, ce petit livre ; certainement une des meilleures choses que j’avais jamais écrite, en fait.

Alors voilà, l’an dernier comme nous cherchions s’il n’y aurait pas quelques anciens textes des Moutons électriques auxquels nous pourrions donner une nouvelle vie… je me souvins de mon Frankenstein, qui correspondrait sans doute bien à notre nouveau petit format. On allait fêter les 200 ans de la création du roman, parfait. Et puis tenez, le hasard faisant bien les choses, Mauméjean avait bossé sur Frankenstein pour une dramatique de France Culture : il me fit un excellent directeur littéraire pour cette réédition. Sous sa docte férule, je repris, retouchai, repeignai, augmentai un petit peuSur les traces de Frankenstein naquit ainsi. J’ai reçu les premiers exemplaires mardi dernier. Il sera en librairie début mai.

Frankenstein