#2357

Je n’envie pas les habitants de Paris, ville dont à chaque séjour je ne vois guère que la saleté des trottoirs, la laideur de grandes rues qui ne différent que par le nom du kebab et celui de la supérette (Dia ou Franprix), l’encombrement et la surpopulation, les couloirs infinis du métro, l’entassement architectural… C’est moche, j’aime pas. Pour cette fois cependant mon excellent camarade Julien avait déniché une location pour la team ovin fort belle et calme, un loft aménagé dans un ancien atelier ; verrières, terrasses, hamac, nid de marsupilami et bric-à-brac de déco pseudo baba. Twas nice. Et la petite fête du samedi soir bien amusante, réchauffante au sein de l’épuisement et de l’insolite d’un salon qui me vit serrer la main de Névant, taper la bise à Marie Masson, trouver le manteau de Fabrice Colin ou réaliser que j’ai 35 ans d’édition dans les pattes (si, j’y ai vendu des livres, aussi)… [photo © Jérôme Vincent]

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#2356

Mon excellent camarade Laurent Queyssi non seulement publie chez les Moutons électriques un non moins excellent roman, Allison, qu’il signera pour toutes les premières commandes, avis avis! Mais en plus il fait depuis quelques temps une bien chouette newsletter, « Seul à Zanzibar », sorte de blog posté par mail, et il a du talent l’animal, moi je dis.

Et je viens de recevoir un mail d’Alain Juppé, aussi — c’est fou. Qui m’invite à la soirée de réception pour la 14e Escale du Livre de Bordeaux, le salon qui va se tenir le premier week-end d’avril. Les Indés y auront cette fois un petit stand, yeaaaah, tenu par les Moutons (Jules, Mérédith et André), et bien entendu les Bordelais viendront y signer : Laurent Queyssi, Nicolas Labarre, Ludovic Lamarque, Patrick Marcel + le nouvel auteur des Mnémos, vivant près d’Arcachon, G. D. Arthur.

Mais bon, cette semaine c’est un autre salon, et pas le moindre, tout le monde sur le pont: celui de Paris. Avec d’ailleurs aussi Queyssi et Lamarque en signature, notamment.

#2352

Considérations londonesques…

D’ordinaire, les personnes avec lesquelles je me rends à Londres me retiennent un peu, mais cette fois…. Las : mon excellent camarade Julien est un pousse au crime, nous marchâmes huit heures par jour…

Cette ville change considérablement, sous la poussée du grand et gros fric. Le résultat dans la City est abominable, le skyline depuis la Tamise ne ressemble plus à rien, le Gerkhin est devenu presque invisible sous la masse des autres gratte-ciel tous embourcagés les uns contre les autres (c’est un très joli verbe, « embourcager »). Ailleurs, le résultat est plus harmonieux : derrière King Cross, par exemple, et l’ouverture du canal du Régent. Ce qui pourtant ne lasse pas de me faire soupirer après « mon » canal à moi, objet de tant de textes sur ce blog au fil des ans, mais pour essayer d’être objectif ces nouveaux développements vont dans le sens d’une ville plus belle, plus saine.

Étrange chose que la mémoire, j’ai réalisé que mes souvenirs avaient un peu tendance à « écraser » les lieux, effectuant des raccourcis et des réaménagements, ou bien au contraire éloignant des objets proches — je voyage tellement dans mes souvenirs, dans le Londres presque onirique de ma documentation, de mes lectures et de mes carnets de voyage, que sur le terrain j’ai parfois quelques surprises : l’église moderne à la flèche si aiguë est pile à côté de la station Warwick Street du métro alors que je l’en pensais séparée par une bonne distance de rue… À l’inverse j’eus quelques hésitations à relier les différents passages de mon propre guide du Londres gauchiste, n’ayant jamais effectué le parcours d’un seul trait…

On mange bien, à Londres : j’ai des kilos en trop, maintenant. Les plats type « pub » genre le fish and chips ; le restau éthiopien ; le restau indien ; et alors, le restau irakien ! Ce fut grand.

Au bord des larmes, soulevé de plaisir : ce fut mon sentiment lors d’un bref passage dans la « Rothko Room » de la Tate Modern. Aucun art ne me procure aussi immédiatement le bouleversement émotionnel, la bourrasque esthétique, que cette pièce savamment conçue pour cela, pour les tableaux de Rothko. Son abstraction est pure émotion. Il y a longtemps, lisant un petit roman que j’adorais, Escalier C d’Elvire Murail, je trouvais que la scène où un personnage demeure figé et bouleversé devant un tableau relevait de la grossière exagération d’auteur… Mais non point, depuis j’ai appris à soulever en moi ce plaisir particulier, devant certaines œuvres. Cette chaleur, presque un orgasme visuel — « pour s’envoyer en l’air le regard », disait autrefois un ami.

#2345

Quand était-ce ? En 1986, peut-être courant 1985, je ne sais plus. Roland C. Wagner s’était lancé dans la rédaction d’une œuvre majeure, ambitieuse : ce qui devait finalement sortir sous la forme d’une trilogie, du titre de Poupée aux yeux morts. À l’époque, jeune étudiant, je bénéficiais encore de la gratuité SNCF de mon paternel cheminot et en profitais donc pour monter continuellement en région parisienne, squatter chez Pagel ou chez Wagner. Ce dernier habitait alors au rez-de-chaussée d’une grande maison bourgeoise à Garches, dont l’étage était occupé par la vieille propriétaire, une dame sourde comme un pot et que je n’ai jamais aperçue : sa présence ne m’était connue que par les hurlements de son téléviseur. Roland et sa compagne Cathy vivaient là dans trois pièces, et Roland écrivait, écrivait, écrivait. C’était avant les ordis personnels, mon copain l’écrivain tapait sur sa machine à écrire et comme j’étais présent, il me faisait lire des paquets de feuilles, au fur et à mesure ou presque. Tout de suite, je me suis passionné pour l’énorme roman qu’il entreprenait, à l’excitante ambition et aux thématiques intrigantes pour les unes, hilarantes pour les autres (les extraterrestres « salvoïdes » étant calqués sur un de ses meilleurs amis, que je connaissais bien sûr). Ça partait formidablement bien et j’étais fier de mon pote, je voyais naître une œuvre visiblement importante, c’était enthousiasmant — assez flatteur aussi, car Roland écoutait mes quelques remarques, et ainsi glissa-t-il quelque part une allusion à une extraterrestre aux yeux d’or, parce que je venais de lui faire lire une superbe nouvelle de Victor Hugo. Il m’écouta également lorsque, soudain, il partit sur une tangente narrative, un aparté qui s’avéra finalement trop long sur le quotidien d’une femme en gris… Passionné par le portrait de Paris qu’il brossait, Roland s’était laissé emporter, avait bifurqué trop longuement, ce que je lui dis. Et l’animal jeta tout le passage — combien j’ai regretté depuis de ne pas avoir gardé ces quelques feuillets, bon sang, c’était certes hors sujet mais d’une si belle atmosphère !

Longtemps après, et alors que la vie nous avait un peu séparés, Roland me téléphona pour me demander de publier une version luxe limitée de Poupée : il savait bien combien cette trilogie me tenait à cœur ! Et puis, c’était l’occasion de renouer nos liens, et ça, ça me fit également très chaud au cœur. Alors Roland entreprit de retravailler le tout, nous étions en 2008 : il voulait une version définitive. C’est ce texte-là, complet, intégral, que j’ai l’honneur de rééditer en format de poche en février, dans la collection « Hélios ». Les stocks viennent d’arriver et je suis ému.

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#2343

Très humble pioche ce matin à Saint-Michel, mais après tant de semaines sans pouvoir m’y rendre, ah le plaisir renouvelé de ce déballage, sous la flèche de l’église perçant un ciel d’un bleu glacial. Jubilation de toute cette belle vie dominicale bordelaise, le foutoir de la brocante, la presse du marché des Capucins, plus en bonus le fait de papoter un peu avec le sieur PM. (mais quel dommage, la date du concours doit être un rien dépassée, je pense)

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