#2356

Bon, à part ce « vague-à-l’âme » persistant (on va appeler ça comme ça), j’ai eu le petit plaisir de recevoir hier matin les feuilles de tirage de mon Londres, une physionomie et du Paris, une physionomie du commissaire Mare. Tout cela est bien beau, ventru et velouté, conforme à mes souhaits — concrétisation d’un rêve très ancien en ce qui concerne le volume londonien… L’aboutissement d’une passion. J’espère que ça va marcher en librairies et que certains vont se réveiller, car les mises en place initiales sont hélas un peu décevantes, on s’attendait à mieux.

SInon, des lecture comics : le  tpb n°18 de Fables, très beau mais terriblement triste ; le premier du spin-off Fairest qui rebondit vraiment superbement sur la série principale (contrairement à Jack que j’ai laissé tomber, ça ne marchait pas pour moi) ; et puis je rattrape mon retard sur les Unwritten, série fascinante, mêlant psychogéographie, histoire des littératures du merveilleux et récit de fantasy post-Harry Potter. Autant dire que ça me parle totalement. Dans le nouveau texte de l’essai Zombies!, mon ami Colson s’interroge à un moment : « Peut-être sont-ils victimes de la confusion entre réel et fiction, une affection qui grignote lentement mais sûrement le monde dans lequel nous vivons ? » Et c’est bien de cela que nous parle Mike Carey, le scénariste d’Unwritten : cet effacement actuel des frontières entre imagination et réalité — un champ dans lequel travaille aussi ma collection la Bibliothèque rouge, bien entendu.

Ah, et puis j’ai lu la bédé de Bryant & May par Fowler, mais franchement, si le dessin est fort plaisant on voit que l’auteur n’est pas assez familier de la narration figurative (il avait pourtant fait un Vertigo, dans le temps?), les ellipses sont très mal gérées, tout cela fonctionne par à-coups, ça se lit comme une sorte de storyboard d’une nouvelle mais pas vraiment comme une bande dessinée… Ce n’est donc pas désagréable mais néanmoins partiellement un échec, l’expérience de lecture n’étant pas pleinement satisfaisante.

#2355

Le compagnon d’un ami vient de mourir, après une très longue maladie. Alzheimer. Je me souviens de la dernière fois où je l’ai vu en bonne santé, nous étions descendus ensemble au marché, au pied du Père-Lachaise, première et unique fois où j’ai été au marché dans une rue de Paris. Maintenant, son ami va devoir racheter leur appartement à la famille. Parce que, n’est-ce pas, ils n’étaient pas mariés et donc, le survivant n’a droit à rien. L’Assemblée vient juste d’adopter le premier article de la loi sur le « mariage pour tous » et la droite pousse des cris de gorets qu’on égorge, multiplie les insultes et les propos abjectes. Tout cela m’oppresse, me dégoûte et m’attriste.

#2354

Quatre jours à la campagne, dans le silence et le calme. Et même un peu de neige. Un peu de farniente qui se paye avant et après par un surcroît d’activité, afin de ménager cette plage de repos, mais c’est loin d’être désagréable. Longtemps que je me disais qu’il fallait que je passe chez mes parents durant l’hiver.

J’ai fini de lire Kraken de China Miéville, dont le goût pour les tournures obscures (et pas forcément parfaitement maîtrisées) gâche tout de même un milli-poil le plaisir de ce roman de fantasy urbaine bien tordue, où se croisent diverses apocalypses. C’est rigolo mais la prétention du style m’a semblé superfétatoire. Lu ensuite et à grandes foulées The Long Earth de Stephen Baxter et Terry Pratchett, de l’excellente science-fiction (avec une bonne dose de métaphysique comme l’aime m’sieur Lehman), tellement influencée par Robert Charles Wilson que l’on croirait vraiment lire une nouvelle œuvre de l’auteur de Spin. Ce n’est pas forcément un reproche : les deux écrivains livrent du coup un récit très ample de vision et très fluide de style (alors que les Baxter que j’avais lu dans le temps étaient d’une écriture aride et pesante, et que je butte trop souvent chez Pratchett sur ses foutues leçons de moral), la somme est vraiment supérieure aux deux. Le roman qui en résulte est très beau, plein d’images saisissantes et mémorables, vraiment du niveau du meilleur Wilson. Je commence maintenant la lecture du premier tome de la trilogie de Greg Egan.

Aussi profité de cette brève halte pour monter au grenier… et en redescendre une petite montagne de vinyles. Dont ce « collector »…

Lupin-Dutronc001

#2353

Hum, j’ai commencé à bien trier, doncque, mais d’évidence, il faudra plusieurs volumes: miscellanées (journaux et rêves, disons) et travelogues (voyages et humeurs psychogéo)…

Je constate que j’ai trouvé « mon » ton dans un billet du 20 janvier 2003. Avant, tout cela n’est pas très bien écrit, ça manque de style et de maturité. À partir de 2003, je me commence à me trouver. Curieux de voir comment ça s’est fait, soudain.

#2352

Il y a plus ou moins douze ans que je tiens ce blog. Et je n’ai nullement l’intention d’arrêter, d’ailleurs. Mais suite à une conversation avec Harry Morgan, j’ai commencé à plonger dans les entrailles de l’animal (le blog, pas Harry) et a essayer d’en retirer une moelle plus ou moins substantifique, in order to… quoi faire? Eh bien, peut-être organiser la matière d’un vaste recueil de miscellanées. Un recueil au sens « imprimé sur du papier », vaste parce qu’obviously, et pourquoi diable, mais parce que je demeure très attaché au livre en papier, soyons honnête, j’aime écrire, j’aime tenir ce blog, j’aime que flottent dans l’éther de la toile tous ces bouts de textes, mais qu’ils soient réunis, concrétisés, quelque part, en l’occurrence dans un livre, aussi petit qu’en soit le tirage (on demand), ne serait pas pour me déplaire. Seul obstacle: la masse même du matériau, et le temps que je devrais passer à le récupérer/trier. Outre l’aspect mémoriellement assez étrange, troublant, d’une telle activité. Oh well, we’ll see.