#5046

« Il faut pas du beurre pour demain ? … Il faut du beurre ! … Oui : du beurre ! … Pour toi, il y a du boudin… »
Le charmant menu de la grosse dame brune dans le tram, voix éraillée et accent sans doute espagnol.
« Et alors tu ne sais pas ce qu’elle m’a dit ? »
On ne le saura pas, non, et l’identité d’elle demeurera pareillement inconnue.

#5045

Pour ne savoir guère identifier les chants d’oiseaux, je passe pourtant d’assez fréquentes pauses matinales ou vespérales à tendre l’oreille et écouter nos familiers à plumes. Ce que le chant des oiseaux me dit c’est que je ne suis pas seul, que l’on peut se taire un peu, qu’il est bon de s’arrêter pour juste écouter, et laisser remonter des souvenirs et des sensations. Ainsi de ce matin entre deux averses légères propices aux escargots. Des pia-pia répétitifs, des cra-cra rauques, des trilles évasives, en ce presque dimanche le quartier apaisé n’ajoute que le souffle d’un bus à la chanson des volatiles.

#5042

La périphérie bordelaise embaume le chèvrefeuille et sur le centre flotte la senteur sucrée des tilleuls. Pour échapper à tant de douces odeurs, j’ai donc consacré ma promenade du samedi matin au culte du cambouis et du cuivre, avec une exposition délicieusement steampunk, sur Motobloc, les automobiles bordelaises… Et vu se lever le pont pour le passage d’un bateau. Les machines des hommes…

#5040

Au-dessus des jardins se poursuivent deux pies en piaillant, très haut les martinets tournent en sifflant dans le vent frais. Ce week-end également l’on sentait l’été déjà et ce petit salon d’imaginaire à Marmande fut une jolie réussite, relaxée et amicale, plein de beaux moments comme la soirée sous les arcades, le dimanche sur les marches du cloître, les harpistes sur la place… et ces fraises bon sang, toutes ces fraises, oui ce fut bien. J’ai récupéré pas mal de livres, et notamment mes exemplaires de ma dernière nouveauté : le cinquième recueil du détective à vapeur, monsieur Bodichiev. C’est tranquillement maintenant que j’envisage que la série fasse neuf volumes — dix avec le « best of » signé chez Folio-SF. Ma foi, qui aurait dit que ces uchronies policières trouveraient à vivre si longtemps ? Moi le dernier. Je trime donc sur le « gros roman », avec enthousiasme.