#2296

Il pleut et les escargots, que je vois déambuler avec nonchalance dans mon jardin (on n’évoque pas assez la nonchalance des escargots), ne sont pas les seuls à s’en réjouir. Encore eu un peu chaud cette nuit, j’en ai profité pour finir de relire le premier Harry Potter. Qu’est-ce que c’est bon, drôle, malin, captivant — et fort bien écrit, c’est vraiment excellent. Je vais entamer le deuxième, allez.

#2295

« Mr Dursley, however, had a perfectly normal, owl-free morning. »

Relu le 7e Harry Potter, que je n’avais lu qu’une seule fois. Soooo good. Du coup je vais peut-être relire toute la série, déjà six ans que je ne l’ai pas relue, le temps file.

#2292

Dernières lectures :

The Magicians de James Gunn, un vieux classique un peu oublié (1976) par un auteur sans doute lui-même assez méconnu, mais chaque fois excellent. Enquête policière dans un hôtel, par un privé — je suis pas mal dans ces ambiances-là, en ce moment, après avoir lu un Erle Stanley Gardner et revu des épisodes des Street of San Francisco et de Mannix… Sauf que là, finalement, il s’agit de ce que l’on nommerait de nos jours de la « fantasy urbaine ». Amusant, efficace et pas long.

Where de Kit Reed, juste paru. Pourquoi l’ensemble des habitants d’une petite île du sud des États-Unis a-t-elle disparu, un matin ? Kit Reed ne nous le dira pas, qui s’intéresse plutôt à explorer les sentiments des uns et des autres : d’un homme étant resté dans notre réalité ; d’une femme qui a basculé avec toute la population de l’île dans une sorte de décor blanc, sous l’œil d’une multitude de caméras ; et d’un jeune garçon également déporté dans ce qui semble être une expérience sociale, mais par quoi, et pourquoi ? Le chemin de Kit Reed c’est celui de la perte, de la solitude, de la famille, des relations sociales­ — des thématiques plutôt « mainstream » exacerbées ici par des conditions exceptionnelles. Le roman est court, mais compliqué encore par un style volontairement haché, elliptique, un « stream of consciousness » rédigé comme la voix intérieure de chaque protagoniste. Un roman un peu difficile, donc, mais poignant, lucide, allant à des choses essentielles.

The Sword of Winter de Marta Randall, une fantasy complètement oubliée de 1986, ça faisait un bon moment que je me promettais de la relire. Et ça vaut le coup :  société assez originale (en sus des habituels aspects pseudo-médiévaux du genre on a aussi de premières machines à vapeur et des télégraphes, le tout dans une contrée particulièrement hivernale), beaux personnages, décors splendides, il y a là en un seul tome tout ce que l’on pourrait vouloir trouver dans les longues suites de « fantasy dynastique ». Pas loin du chef-d’œuvre, à mon humble avis.

#2291

Rah là là ça ne va pas du tout, en ce moment j’ai quatre romans en cours de lecture + deux manuscrits et une bio, sans parler des BD, ma boulimie me disperse !

À force de prendre de l’avance dans la rédaction de mes chroniques « Boussole du capitaine » pour le site ActuSF, voici que je viens de rendre celle de décembre prochain — sur What Makes This Book so Great, le recueil d’essais de Jo Walton, dévoré récemment. Et tiens, on va en traduire un, de ces papiers de Walton sur ses relectures, dans le prochain Yellow Submarine (n°137, octobre, couv Timothée Rey).

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#2289

Dernières lectures…

Area X de Jeff Vandermeer, que j’avais acheté parce que mon attention avait été attirée… par la couverture de cette reliure d’un cycle de trois romans. Puis par le résumé. Je n’avais pas du tout suivi la carrière de l’auteur, était curieux de le retrouver. Et le premier volume d’origine est effectivement renversant, des images frappantes, un mystère complet et, dans ce cadre d’un morceau de côte américaine étrangement coupée du monde, une belle gamme de tonalités littéraires : l’horreur lovecraftienne, le « nature writing », le récit de suspense, le malaise de l’inconnu… Le deuxième volume est non moins excellent, approfondissant encore le mystère tout en dévoilant quelques pistes d’explications, dans un huis-clos en labo scientifique situé à des lieux de l’ennui qui m’avait autrefois saisi à la tentative de lecture du Timescape de Gregory Benford. Encore une fois, un usage intelligent de la forme, une psychologie fouillée, un style, un vrai. Et puis arriva le troisième volume… Tout d’abord, sa forme ne me surpris pas : je m’attendais exactement à cela. Ensuite, ces différents récits me semblèrent un tantinet longuets. Enfin, la conclusion… non concluante, justement, me laissa hélas sur ma faim, pas entièrement déçu (la maestria avec laquelle l’auteur approche l’inconnaissable est très forte) mais pas non plus entièrement satisfait. L’auteur nous a fait un Andreas là où j’espérais plutôt un RC Wilson, si j’ose dire — un brin d’épiphanie finale, de révélation « oh wow », m’aurait je l’avoue plus convenu que toute cette « obfuscation » (pour utiliser un terme anglais qui m’amuse toujours)…

Ombria in Shadow est une fantasy de Patricia A. McKillip (autrefois traduite chez Mnémos) qui a acquise dans les pays anglo-saxons le statut de classique : en témoigne sa réédition récente au sein des nouveau « Fantasy Masterworks », très belle collection s’il en fut. Et à moi qui sortait juste du Panorama, ce roman subtil et étrange m’a effectivement constituer une sorte de quintessence de la fantasy, entre intrigues dynastiques, fortes réminiscences des contes de fées, magie et paysages étonnants. Il y a de nombreux niveaux dans ce dernier, comme dans ce chef-d’œuvre d’une suprême élégance.

• Polar américain bien rétro : Give ‘Em the Ax, d’Erle Stanley Gardner écrivant sous le pseudo de A. A. Fair. Donald Lam rentre des combats de la Deuxième Guerre mondiale et retrouve l’agence de Bertha Cool en piteux état financier. Qu’à cela ne tienne, dès que le détective privé se saisit d’une affaire celle-ci prend une importance inespérée. Le héros est d’un flegme à toute épreuve, les décors sont invisibles, les dialogues et les personnages sont des clichés, la société est aux mains des avocats, on ne pense qu’au fric… J’ai trouvé ça amusant mais peu sympathique, en fait.

• Polar « golden age » avec Beggining with a Bash de Phoebe Atwood Taylor, autrice américaine bien oubliée mais que je retrouve chaque fois avec grand plaisir. Une comédie policière dans le Boston de la fin des années 1930, plein de flics incompétents, de gangs de racketteurs, d’hôtels de luxe, de froid et de glace — et de curieux détails de la vie quotidienne.

• Un polar jeunesse des années 1950, Saucer Over the Moor de Malcom Saville – on va dire pour faire simple que c’est du Club des 5 extrêmement mieux écrit et avec, cette fois-ci, de mystérieux petits ovnis au-dessus de la lande de Dartmoor… très amusant et bien fichu, comme toujours Saville, auteur oublié mais de qualité.

• Autre polar « golden age », de JJ Fargeon : Mystery in White, très amusant. c’est une des rééd de la collection de la British Library, ça ne va pas plus loin que le polar jeunesse cité plus haut mais c’est bien sympa, très astucieux comme suspense. Un train bloqué dans la neige, un groupe de voyageurs qui se réfugie dans une maison étrangement ouverte et accueillante mais vide. où sont passés les habitants, quel mystère rôde dans les parages, pendant que la neige englouti tout ?

The First Fifteen Lives of Harry August de Claire North, j’ai la flemme de chercher le titre de la VF mais ça a été traduit chez un nouvel éditeur parisien généraliste, curieusement. Claire North c’est cette jeune femme surdouée anglaise, qui a signé Kate Griffin deux séries de fantasy urbaine qui sont parmi ce qui s’est fait de mieux dans le genre, et des fantasy jeunesse sous le nom de Catherine Wells, si ma mémoire est bonne. elle change de pseudo à chaque fois qu’elle change de style. cette fois, style efficace et direct, pour une sorte de révision ultra « punchy » du Replay de Ken Grimwood, à la sauce Adam Christopher ou Daryl Gregory, mais… en mieux, quoi, cette fille est très fortiche. Dans la race humaine existent des individus qui, lorsqu’ils meurent, se réveillent dans leur corps de bébé pour recommencer à chaque fois leur vie, avec toute leur mémoire précédente. Ainsi, de vie en vie, donc d’univers parallèle en univers parallèle, des êtres non-linéaires font leur existence — jusqu’à ce qu’un d’entre eux commence à vouloir réécrire l’histoire afin d’accélérer le progrès technologique pour bâtir une sorte de machine-dieu…

• En fait, ce Kafka à Paris de Xavier Mauméjean (qui sort fin août chez Alma) est une sorte d’aventure de Spirou (Franz Kafka) et Fantasio (Max Brod) dans le Paris de la fin d’été 1911. Avec beaucoup d’humour, fait d’absurde et de tendre ironie. Avec une belle langue charnue. Avec de jolies tranches de psychogéographie (il n’y a pas pour rien, en tête de roman, une citation de Walter Benjamin). Avec de nombreuses rencontres et un usage formidablement vivant de la documentation historique. Bref, tout cela est bel et bon, moi je dis.

• Il y a peu, paraissait aux éditions Delcourt le dix-huitième volume de la série Arq, une BD d’Andreas qui avait débuté en 1997. Dix-huit années de création, un volume par an. À cette occasion, j’ai réalisé deux choses : primo, que j’avais raté le tome 17 (un oubli qui fut vite réparé) et secundo, surtout, que la série était enfin terminée. Je décidai donc de la lire dans son entièreté, d’un seul tenant. En une seule journée ! J’avais déjà lu une partie de cette série mais, à chaque fois je devais tout reprendre car j’oubliais au fur et à mesure les tenants et les aboutissants d’une histoire particulièrement complexe et, en dépit des excellents résumés qui apparaissaient en première page ou, plus tard, en pages de garde, je perdais pied régulièrement. Jusqu’à ce que je décide de continuer à les acheter mais sans les lire, attendant que la série soit bouclée. L’auteur, de son vrai nom Andreas Martens, bédéaste d’origine allemande installé en Belgique depuis 1973, avait annoncé depuis déjà un bon moment que la série serait formée de 18 volumes, il ne me restait donc plus qu’à attendre — avec confiance car tant la régularité de production d’Andreas (un volume par an dans ses deux séries, l’autre étant Capricorne, chez Le Lombard) que sa constance qualitative, et sa singularité aussi bien narrative que graphique, font de moi un fan de longue date. Et l’attente comme le parcours en valaient la peine, c’est magistral de complexité, de cadence et d’ampleur.