#2546

The flat was dark and cosy, filled with wood and red fabric, the sort of place Edwardians liked to read improving books in.

Lectures encore. Suis en train de lire The Clown Service de Guy Adams, premier volume d’une série mêlant étroitement espionnage et magie dans une forme de fantasy urbaine aussi originale que réjouissante — le style est très bon, l’humour également, c’est Chapeau melon avec de vrais bouts de surnaturel dedans. Suis également dans The Company Man de Robert Jackson Bennett : ayant été renversé par la puissance d’inspiration de son City of Stairs, j’ai voulu savoir ce que cet auteur faisait d’autre et sa proximité de force et d’inspiration avec China Miéville est encore renforcée par ce polar steampunkoïde, style superbe, auteur à suivre. Enfin, Le Guépard de Lampedusa, il y avait déjà bien une dizaine d’années que je ne l’avais relu, toujours un plaisir étrange, d’infusion lente et savoureuse.

#2544

Lu ce matin la version noir et blanc du Chaminou de Raymond Macherot, dans cette si belle collection des éditions Niffle. Comme d’habitude les commentaires courant en bas de page, par Hugues Dayez, ne me satisfont pas pleinement, demeurant superficiels, sans aucune analyse narrative, seulement de l’anecdotique historique. C’est dommage, mais pour le reste, quelle splendeur que du Macherot en grand et sans couleur, bien mis en valeur sur beau papier, et cette histoire ahurissante, tellement épatante. Les yeux se régalent, les papilles se réjouissent.

#2543

Lectures : fini The Whispering Swarm de Michael Moorcock, curieux et très beau mélange d’autobio, d’univers parallèle et de fantasy ; l’absolument renversant City of Stairs de Robert Jackson Bennett, de la fantasy post-magique comme l’on dirait de la SF post-apocalyse ; l’amusant The Invisible Library de Genevieve Cogman, de la fantasy steampunk qui appelle sans doute des suites mais c’était fun ; et pour poursuivre dans les histoires de bibliothécaires magiques, je suis dans The Rabbit Back Literature Society de Pasi Ilmari Jääskeläinen – en anglais puisque pas traduit en français de toute manière, et la couverture m’avait attiré. Roman finlandais de fantasy urbaine disons, ou fantasy rurbaine pour être précis (petite ville, neige), amusant, intelligent, original, ça me fait penser à la fois à du Paasilinna et du Murakami, avec sans doute une pointe de Jonathan Carroll.

« Autumn seeped into the grass, plants and trees and gushed from the treetops up into the sky to cover the landscape. » (Pasi Ilmari Jääskeläinen)

#2536

Cela fait trente ans que je lis et que je relis le récit de leurs existences, au point de les connaître comme s’il s’agissait d’amis, des amis que j’ai rencontré puisque je connais même leur visage (par la belle série qui en fut adaptée) et que je suis allé chez eux (mon voyage à San Francisco il y a si longtemps). Hier soir j’ai fini le neuvième et dernier tome des Tales of the City d’Armistead Maupin, et je m’en suis senti un peu triste. La formidable Anna Madrigal, l’adorable Michael « Mouse » Tolliver, l’irritante Mary Ann Singleton, et tous les autres, si nombreux, si familiers. Incroyable, formidable série littéraire que celle-là (les Chroniques de San Francisco en VF), à laquelle je ne suis pas près de cesser de revenir. Effet de réel… total. Ils me parlent absolument, ils appartiennent à ma propre histoire.

Et puis comme je suis une fois de plus en manque de San Francisco, une forme de nostalgie qui me prend de temps en temps depuis ce lointain voyage, et alors qu’en réalité je doute de trouver jamais l’occasion d’y retourner, je « lis San Francisco » : avant les deux derniers Maupin, j’avais relu Notre-Dame des Ténèbres de Fritz Leiber (Our Lady of Darkness), vraiment l’un des plus beaux romans que je connaisse, à la fois bavard, tendu, lent, erratique, imagé, à la fois sombre et lumineux… Et je continue avec un Michael Chabon récent, Telegraph Avenue

#2529

N’en déplaise aux chantres officiels du « plus c’est chiant plus c’est valable », selon moi lire c’est du plaisir, et un plaisir que je m’emploie à faire varier autant que faire se peut. Cette semaine, où je fis largement relâche, j’ai donc dévoré du Patricia C. Wrede (relecture des deux Mairelon the Magician, très rigolos), du China Miéville (le vertigineux The City & the City), un roman steampunk bien amusant (The Martian Ambassador d’Alan K. Baker, mélange audacieux d’aventures, de polar, de SF et de féerie, et c’est largement aussi bon que du George Mann ou du Mark Hodder lancés par le même éditeur – Snow Books – mais plutôt mieux écrit, finalement) et… une grande rasade d’Alvaro Mutis ! C’est mon ami et confrère Fred Weil qui m’avait offert cet énorme recueil de l’auteur colombien, réunissant les carnets et papiers divers concernant Les Tribulations de Maqroll le Gabier. Et quel régal que tout cela : on croirait lire du Corto Maltèse écrit par Borgès, en pas chiant. Aventures, folie douce, mélancolie, nostalgie douce et aussi joie de vivre ! Le tout servi par une plume superbe, que les traducteurs rendent à merveille. Miam miam. De la « littérature générale » aussi jubilatoire que de la « littérature de genre », c’est dire la perle.