#2700

D’anciennes demeures fortifiées ponctuent çà et là le sommet des collines, ou parfois le clocher carré d’une église, considérant le paysage depuis la pierre dorée de leur façade avec la sorte de morgue vexée des vieilles personnes qui savent avoir perdu leur rôle social. À leur pied s’éparpillent des ballots de foin comme les pilules tombées de la boîte d’un géant parkinsonien. La rectiligne verte du canal double la voie ferrée en une poursuite immobile. L’alignement des ifs rappellent un peu la Toscane et aux tavelures de soleil des tuiles romaines répondent les feuillages jaunis et racornis des maïs.
(Toulouse-Bordeaux by train)

#2688

Lorsque dans un ciel largement ouvert, champ bleu semé d’immenses bâtisses blanches à l’architecture filandreuse, un nuage soudain cache le soleil, c’est toute la réalité qui devient matte, comme s’il venait à manquer une dimension que nous ne soupçonnions pas.

#2687

Le bas du ciel est tout gribouillé, ce soir. Là-haut s’empilent les longues nuées blanches et les grandes masses grises, sagement rangées au-dessus de la ville, mais dans l’échancrure de la voie ferrée l’on voit au loin des striures, des biffures, des nuages en charpie, quelques coins de bleu, tout un désordre.

#2681

L’aurore venue, les moineaux plongent dans l’empelopsis qui couvre la façade ou dans la bignone qui cache le grand mur de côté, et trouvent là leur refuge nocturne, rencognés contre la chaleur rendue par la pierre et camouflés par le feuillage. Lorsque l’ombre qui descend ne laisse plus qu’une mince couche de jour, les grillons commencent à striduler et soudain les pipistrelles fendent l’air en silence.

Les longues tiges du gora blanc s’inclinent l’une après l’autre comme un petit bourdon rayé vient les courtiser systématiquement, puis se relèvent et se balancent en cadence dans un rayon de soleil, tandis qu’à côté un gros bourdon noir aux reflets bleutés butine les fleurs rose des pois de senteur. Deux moucherons montent dans la lumière en tournoyant.