#2758

Cette parcelle minuscule d’une carte du centre-ville bordelais provient du passé : un passé qui y est représenté avec précision, le dessin clair de quelque chose qui n’existe plus. Il y a cinq ans que j’habite à Bordeaux, mais j’y avais déjà vécu auparavant, dont deux années en plein centre, au 13 de la rue Léon-Valade. Cette rue n’existe plus, annihilée tout comme deux autres petites artères avec elle et les six pâtés de maisons qu’elles délimitaient. Désormais s’érigent à leur place quatre gros blocs à l’architecture commerciale sans grâce ni qualité, et au niveau de la chaussée un centre commercial vide, en faillite. Un peu pus tard, j’allais vivre à Lyon, dans un bel immeuble ancien qui fut promptement abattu, au sein d’un pâté de maisons également annihilé au profit d’une grosse verrue bancaire architecturalement repréhensible.

#2624

Cosmopolitisme de quartier. Trouvé dans la boîte à lire de la barrière de Bègles un vieux bouquin en anglais sur Londres, qui ira rejoindre my ever growing collection de livres sur Londres et l’Angleterre. Remontant la rue de Bègles avec ma baguette sous le bras, en bon Français, je croise une jeune femme qui parle dans son portable, en américain. Sur le trottoir d’en face, un jeune homme fait les cent pas en parlant fort dans son portable, avec un très net accent belge.

#2593

Rentrant ce soir d’un chouette petit concert (du groupe où joue mon excellent camarade Laurent Queyssi) j’ai loupé le bus que j’espérais prendre et, remontant à pied, ai entendu dans le ciel nocturne passer les trompettes d’un vol de grues. Depuis quatre ans que je vis dans cette douceur d’Atlantique, je suis toujours surpris (agréablement) par de tels aspects encore un peu… exotiques, pour moi.

#2587

Descendant tout à l’heure vers la gare (je vais passer le week-end chez mon excellent camarade Pagel), j’ai fait l’expérience d’un trouble de la réalité : un panneau routier annonçant, tout près de chez moi, un temple bouddhiste ? Et je n’avais jamais vu ça ? Bon, un peu plus loin deux autres panneaux me rassurèrent quant à leur aspect flambant neuf, mais tout de même : les nouvelles sur lesquelles je (re) travaille en ce moment se déroulent dans une uchronie où le bouddhisme est la religion d’État, et j’en débute une qui serait à Bordeaux… Et du coup, j’ai guetté le long de ce chemin connu par cœur d’autres signes jamais observés. J’ai donc découvert une grosse poule blanche, qui grattait la terre sous un buisson, dans un jardinet ; et un portillon ouvrant sur un sentier, marqué « ter » et « quarter » sur la boite à lettres.

L’image contient peut-être : plein air

#2585

L’averse passée, Saint Michel luit, glisse, perle et dégouttelle… Fatras hebdomadaire, rituels, quotidienneté apaisée. Les voyages en Orient de Nerval, un pot en verre, une chayotte, des piments, des patates nouvelles, un Sainte-Maure, deux baguettes… La ville brille, les quais repeints de frais sous un ciel à la Sisley, avant l’averse suivante.