#2318

« Everywhere we look, design acts as rock strata, allowing the placing of dates – and the conjuring of memorie« , écrit Christopher Fowler sur son blog, et il s’agit précisément d’une des choses que je recherche, que j’observe, lorsque je me promène en ville. Ces marqueurs temporels, plus ou moins discrets ou évidents — c’est ainsi que chaque fois que je me rends à St-Étienne, une petite ville près de Lyon, j’ai l’impression d’avoir effectué une sorte de voyage dans le temps, vers les années 70, tant s’y avèrent nombreux les marqueurs « seventies » —, mais aussi, à Londres comme en ce moment, les marqueurs de différence: par rapport à ma propre histoire, à ma propre culture. Le plus petit détail peut (me) surprendre, et comme je ne reste que dix jours, je n’aurai certainement pas trop le loisir de devenir blasé, habitué, inattentif. Au moment où je rédige ces lignes, je mange un bout et vais ressortir sans tarder, dans le quartier, juste pour me balader un peu dans la lumière du couchant. La pluie aura menacée toute la journée, mais qu’importe: d’après la météo, les jours à venir seront beaux, ou du moins « secs », donc je n’ai guère à me plaindre.

D’ailleurs, si je devais me plaindre je n’aurais qu’à m’en prendre à moi-même. Car c’est là l’ennuie, dans les voyages: on s’emporte avec soi. Et plus encore lors d’un voyage tout seul, comme c’est maintenant le cas. Donc: insomnie, crise d’angoisse ce matin, bref mon chiant de moi-même qui me pourrit la météo interne du fait de cette fichue solitude. Je savais que cette dernière constituerai un problème, no surprise here. Anyway: en fin de matinée, je suis descendu dans la City. D’un désert toujours aussi surprenant, les week-ends, quand les requins n’y sont pas. Passage par Bunhill Fields, histoire de tenir mon quota de cimetières (!), destination le Bishopgate Institute, pour un salon de la bédé indépendante que m’a conseillé mon camarade JPJ. Le « Comica Comiket ». Et c’était bien chouette: des fanzines, des tas de fanzines, dans une belle salle presque en face de la gare de Liverpool Street ; avec sur le podium une succession de dessinateurs en train, eh bien, de dessiner, quoi. Que ces jeunes gens sont, euh… jeunes, vraiment. Mais ils font toujours des fanzines A5 avec une agrafe au centre comme de mon temps (voix chevrotante). Bon, rien vu en fait qui m’attire véritablement, en dehors… de deux gros et lourds albums, argh — zuuut, mes bagages. Enfin quoi, il fallait que je craque: sur l’énorme Things to do in a Retirement Home Trailer Park, d’Aneurin Wright, tout d’abord. Extrêmement sympa et accueillant: on a un peu discuté, et il m’a fait un bô dessin. Non, je ne suis pas du tout un chasseur de dédicaces, mais là, je sais pas, j’en avais envie. Et puis quand même: y’avait aussi Bryan Talbot! Pas bavard du tout, lui, mais il m’a aussi fait un petit dessin dans le 3e « Grandville » tout nouveau. Happy, happy.

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