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Chaque fois que je lis un Modiano, et là je lis son dernier en date (Encre sympathique), cela me fait le même effet : je songes à toutes ces personnes que l’on croise dans une existence, tous ces amis d’un moment qui curieusement s’espacent et s’effacent, ces familiers qui s’éloignent, ces amitiés qui auraient pu être et ces visages qui s’estompent. Cette fille qui tenait à sortir avec moi et dont je ne sais plus que le prénom, Agnès. Ce garçon que j’ai tant aimé pour seulement une poignée de mois, car il ne faisait que passer, Werner. Cette copine de l’époque de la fac, peintre en lettres, Françoise. Tant et tant de monde. C’est encore plus mystérieux que les gens que l’on croise dans la rue et que parfois l’on admire, sur lesquels il m’arrive de m’interroger : ceux que l’on connait et que l’on fréquente un peu dans la vie — et puis qui filent sans nous.

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