Actuellement je relis le manuscrit d’un livre, un essai, à la fois fascinant et difficile, dense et souvent lumineux, que les Moutons électriques doivent sortir dans un an — un texte d’un bel esprit que j’attendais depuis fort longtemps, qu’il fait vraiment du bien de lire. Et qui m’interroge aussi sur ma propre écriture, sur ces petites fictions d’uchronie que je m’entête à produire pour si peu de lecteurs pourtant. Pourquoi ? Parce que le veux et le peux. On me dit souvent « Mais repose-toi », par exemple en ce moment qu’une tendinite me fait boiter. Mais quoi, ce qui est fait ne sera plus à faire, et la peine de la disparition d’un grand monsieur comme François Corteggiani, si terriblement inattendue, me conforte dans cette volonté de boucler mon cycle dès maintenant, sans plus tarder, tant l’on peut disparaître aisément. De m’activer parce qu’après tout c’est simplement possible : une réunion de chantier demain matin suivie par trois jours de festival Hypermondes, et voir du monde, et dîner avec des amis, et construire de belles choses.
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