#5124

Point d’Halloween pour moi, juste avancé ce jour dans ma lecture du deuxième Jaworski de l’an prochain – une suite de superbes et fluides passages sur le fleuve, les villes, la campagne, les bateaux… entre deux horreurs drôles de Benvenuto ; et dans le bocal ombreux de ma chambre, encore un peu d’Antoine Blondin, son sens des formules et sa triste douceur, tandis que l’averse grésille sa sérénade glissante sur le vasistas.

#5123

Après une semaine pleine de monde, un dimanche ourlé de solitude et de la seule rumeur urbaine. Dans ma jeunesse, je m’étais brièvement entiché d’un magazine porté sur l’écologie et l’utopie, qui exaltait des notions architecturales douteuses telles que les arcologies de Soleri et de prétendues centrales électriques à effet de cyclone. Leur seul inconvénient serait leur raffut de tempête, expliquait l’inventeur innovateur et incompris. J’abandonnai assez vite ce support fumeux, mais vient d‘y repenser en entendant passer et repartir dans l’impasse l’asthme étrange d’une voiture électrique.

#5122

Ah diantre, voici que de la fin août nous sommes passés cette nuit directement au début novembre, à la faveur de cataractes sonores qui laissèrent une ville trempée. La grisaille du ciel en faux plis met en valeur le vert des plantes enchevêtrées sous les fenêtres de mon salon. Un peu de frisson, on avait presque oublié que ce fut possible. La fracture de mon talon poursuit la rapine de mes heures de sommeil, je cligne, je dodeline et j’aspire au soulagement que jeudi devrait apporter, semelles et traitement, enfin.

#5121

Un ami vient de m’offrir ce beau livre, essai passionnant sur les albums jeunesse qui se prolonge jusqu’à 1986 afin de couvrir Crapule! et le Sourire qui mord, mais concerne en fait essentiellement les « longues seventies » (1968-1981).

Une période qui est celle de ma jeunesse et tous ces auteurs je les connais, les ai lus et admirés, Nicole Claveloux en tête. Je me souviens de notre prof de dessin en 4e nous affirmant qu’Etienne Delessert était le plus grand des artistes du moment. En tant qu’enfant de Cergy-Pontoise, j’ai l’impression que je baignais tout naturellement dans cette esthétique, que mon environnement était saturé par l’art et le look de l’époque, comme plus jamais depuis. Vasarelly et Folon étaient partout, il y avait des fresques, des couleurs vives (quand la couleur reviendra-t-elle enfin dans notre environnement urbain ?), des sculptures ; les sols, les papiers peints, les livres, les publicités, les bâtiments… vibraient à l’unisson des mêmes courbes et teintes. Avec mon petit groupe de copains (dont le fils aîné d’Annie Ernaux), les rares fois où nous allions à Paris c’était pour retrouver les mêmes architectures, en éclosion dans la capitale : le centre Pompidou, le Forum des Halles et son jardin venaient de percer le tissu de la ville et ils nous fascinaient. Ayant vaguement envisagé de faire un journal au collège, nous fûmes invités à l’inauguration des fresques des quais de la gare de Cergy-Préfecture (maintenant détruites) et au labo de musique de Beaubourg.

« Cette génération a absorbé les codes de la communication graphique la plus débridée et en maîtrise l’énergie qu’elle peut à loisir amplifier ou adoucir en fonction des projets. Elle ne craint pas la concurrence de la multiplication des images dans la société qui lui est contemporaine puisqu’elle embrasse ce mouvement ».

#5120

Vit ma vie d’éditeur — tandis que d’aucuns partent se goberger du côté de Nantes, je reste à domicile tranquillement et dans la foulée d’un bel et bon séminaire ovin, pour la lecture gourmande d’un manuscrit inédit d’une grande dame de l’imaginaire.