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La mémoire. À travers la fenêtre de l’auto, filant comme un film un peu romantique, recevoir les coups des pins à perte de vue, puis des sous-bois d’aiguilles et d’arbousiers, au retour ceux du fleuve qui brasse, et entre les deux l’argenterie bleutée de l’océan, les verticales noires plantées dans les vagues, les bandes brillantes des eaux entre les bancs de sable, le goût salé des salicornes, les étoiles vertes de la soude ligneuses, le phare pointant rouge au-dessus des pins, les rubans d’algues au ras des vaguelettes, au loin le long éclat doré de la dune du Pilat qui semble exsuder son propre soleil sous le temps gris… Tout l’alphabet du littoral, que je connais si peu en fait. Laisser faire la percolation de tout cela, avec le ciel du jeudi soir au-dessus de la Meca et le jardin de mon parrain qui hier soir fondait dans un bleu frileux et rêche.

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