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Éreintante est l’existence de l’éditeur en salon : cet épisode des Escales du livre de Bordeaux, nouvellement au pluriel, fut contrasté, dirons-nous. Un vendredi tellement désert que l’on s’attendait à voir rouler des buissons dans les allées ; un samedi où l’affluence irrégulière et une chaleur plombante ajoutèrent à la dureté d’une clientèle très difficile à convaincre, chaque vente semblant devoir se faire au terme d’une âpre argumentation ; et un dimanche atone, entre embouteillage du devant d’un chapiteau mal organisé, chaleur puis orage, et lecteurs au compte-gouttes. Chaud et froid, assis et debout, aspirine et thermos de thé ; je vois double de fatigue, et encore ai-je évité en vieille dame que je suis les fiestas de chaque soir. Nos meilleures ventes furent cette année les Chroniques sarrasines de Boireau, les deux Pagel Roi d’août et Flammes de la nuit, et comme à chaque salon la palme revint à mon alter ego Olav Koulikov, dont les petits polars uchroniques pas chers séduisent systématiquement des lecteurs plus frileux devant fantasy et SF. Il s’agit de mon menu plaisir personnel des salons, que de signer ainsi du détective à vapeur.