#6048

Marchant avec un ami, vendredi soir, j’ai soudain remarqué le silence qui planait sur le quartier et me suis mis à chuchoter pour ne pas le briser. C’est avec la pluie et la lumière du vaste ciel l’un des charmes du Bordeaux que j’apprécie, cette capacité au silence, au calme en pleine concentration urbaine. Et approchant de la voie ferrée, nous nous arrêtâmes un instant pour écouter le chant des grillons dans le pierré parsemé des derniers coquelicots.

#6047

Au jardin, plantes et bêtes ne se soucient pas des chagrins, tumultes et embarras des hommes. Patates, fraises et capucines poussent au même endroit, la menthe bouscule le thym, un trèfle perce au milieu d’un géranium. Un bruyant bourdon noir aux ailes bleues passe de fleur en fleur.  Pluie, soleil, pluie, soleil.

#6046

Rentrant hier soir de la librairie, bien qu’un peu fourbu je suis pourtant ressorti de suite, ayant besoin de marcher. Perdre un vieil ami, le début du deuil, c’est un tel vertige. Tournant dans les petites rues que je connais par cœur, caressées par la lumière dorée, j’ai respiré les senteurs du jasmin et des chèvrefeuilles en me remémorant sa voix, son visage, sa silhouette, juste pour vainement essayer de maîtriser un peu cette perte, cette impuissance, penser aux siens, et à toute une époque qui devient fantôme.

#6045

Bords d’eau. Troisième tronçon du GR, trois heures et demi de lac en lac, de jalles en jalles, de grottes en ruisseaux. Un pique-nique à contempler les évolutions tranquilles d’un ragondin, et les taches impressionnistes des coquelicots ou de la moutarde dans les horizons d’herbes immenses.

#6044

En défiance des averses possibles, une nouvelle portion de GR ce matin, en de longues perspectives gorgées de vert. La senteur des roses, les blancs flocons du cerfeuil, le jaune froissé des iris d’eau. Lacs, prairies, fossés et ruisseaux. Cigognes, moutons, vaches et chevaux. Et seulement quelques gouttes de pluie à la fin du chemin.