Après la tempête Louis et ses rideaux de pluie, qui des jours durant battirent toits et rues, la ville se réveille frileuse et craintive sous le regard d’un ciel transparent et les caresses d’un soleil tendre. Tout luit et brille du ripolinage encore humide et les sons – trilles du merle, roucoulements du pigeon, cloches de l’église ou course du torrent – portent plus loin. Le tour d’un lac, les escaliers d’un coteau, un bouc dans son enclos. En retour de boucle, le ciel chafouin de nouveau illumine sur l’autre rive, indistincts derrière les branchages gris, une plage dorée et les ziggourats d’une blonde Atlantide, avant qu’une encre soudaine se répande dans les nuées. Sous le pont, comme la grêle roule sur le pavé, nous prend à son bord un providentiel bateau-bus prêt à partir.
Archives de l’auteur : A.-F. Ruaud
#6026
Écrire à bas bruit, à voix basse, ce n’est pas le meilleur moyen de se faire entendre dans la cacophonie commerciale et réussissent sans doute mieux certaines grandes gueules qui l’ouvrent plus sur les réseaux qu’elles n’œuvrent à l’exigence littéraire – mais pour quoi au final ? Qu’est-ce qui restera ? La postérité est une loterie. Je réédite ces temps-ci de belles voix oubliées, Christine Renard et Jacques Boireau, progressistes et singulières. Et pour ma part je cesse peu à peu d’écrire, comme d’autres. Je termine deux novellae et ensuite ? Peut-être finir un autre court roman si mon camarade d’aventure s’en rend disponible, et la publication en septembre prochain d’un ultime petit recueil de mon détective. Le gros roman censé boucler ce cycle sortira-t-il ? Les éditeurs ayant demandé à le lire ne l’ont point fait, leur attention certainement demandée par de plus grandes clameurs. Tant pis, personne n’est indispensable et puis, avec la mort de mon parrain mon tranquille « espace d’écriture » a disparu. Alors lire, éditer, publier, faire libraire, faire salon, se promener, mais ne plus écrire ma foi.
#6025
#6024
Au détour d’une rue proche, la grâce des premières fleurs d’un abricotier. L’ami en visite ces derniers jours, venu de la profonde campagne, trouva mon quartier bruyant quand j’en goûte au contraire le calme, à peine rehaussé d’un passage de train et, en ce moment, par les vols de grues cendrées, claironnant dans le ciel gris, ou par le tapotement des averses.