Insomnie du petit matin. Tendre l’oreille au vacarme du ramassage des poubelles vertes ; entendre passer en grondement cadencé un train de marchandises ; écouter le raclement de gorge électrique d’une micheline du côté des ateliers ferroviaires ; et dans le creux de la nuit, le murmure des boulevards, avec les premiers chants d’oiseaux en dentelle sur cette toile d’ombre.
Archives de l’auteur : A.-F. Ruaud
#3008
De l’autre côté de la vitre, la ville nocturne se réduit à des masses d’un bleu sombre, aux reflets éteints des fenêtres de la résidence d’en face et au pointillé des réverbères dans l’échancrure qui s’ouvre vers la voie ferrée. La chambre conserve encore la touffeur de la journée alors que la température s’effondre au dehors. Un baragouin indistinct grommelle non loin, dans les profondeurs de la pierre : celui du téléviseur de la vieille voisine, mademoiselle Rose, de plus en plus sourde et se couchant de plus en plus tard.
#3007
Un peu surpris d’être si fourbu le soir, ces temps-ci, ce début de printemps me trouve un peu mollasson, souvent harassé. Tranquille pourtant, serein et lisant plein de bonnes choses, comme une douce et intrigante fiction steampunk de Natasha Pulley, autrice best-seller anglaise pas traduite ici (trop steam, trop gay ?) ; la dernière novella en date de Ben Aaronovitch, toujours aussi magique, vraiment un de mes auteurs favoris ; les surprenants et réjouissants Panthéra de mon vieux frère Michel Pagel ; ou bien encore un curieux Maigret que j’avais complètement oublié, Le Fou de Bergerac…
#3006
Je poursuis une cure de vieux polars francophones, d’après guerre : Louis C. Thomas, André Picot, Louis Rognoni, Jacques Decrest, Mario Ropp, et toujours Simenon, romans durs ou romans gris. Vintage. Genre, avec le générique des Cinq dernières minutes en tête. Pour changer un peu, tout de même, j’ai entamé hier au soir la relecture du Correspondant local de mon gentil camarade Queyssi, maintenant qu’il est paru et c’est, comment dire ? Remarquablement fluide, fort gouleyant, d’une chouette petite musique.
#3005
Nous avons l’habitude de ne pas les voir, notre vision ordinaire occultant ces éléments inesthétiques mais relativement fins… Mais dès lors que le jeu des nuages ou un hasard d’observation remet en avant les fils du téléphone, ceux des câbles et autres fatras électriques, sans compter les antennes de la télévision hertzienne… bon sang que tout cela est vilain, minable et mal fichu ! Le maire Juppé avait obtenu le développement de tramways sans caténaires mais jamais personne n’a régulé le désordre de tous ces fils qui tissent un réseau désordonné et brouillon au-dessus des rues, sur les façades et au bord des toitures.

