#2950

Ayant fait un saut dehors pour aller déposer moult courrier dans l’unique et lointaine boîte-aux-normes, et slalomé entre les parents-avec-enfants d’un trottoir à l’autre (apparemment avoir des mômes confère l’immunité contre la covid, puisque ces vaillants reproducteurs de la race ne portent surtout pas de masque), je rentrais tranquillement en savourant la grande et belle lumière de fin de journée, lorsqu’un peu de pluie est tombé sous le soleil, chaque goutte en or fondu, un véritable ravissement — mais alors que j’arrivais à ma porte, j’entendis derrière moi un grand vlaouf ! et n’eus que le temps d’ouvrir pour éviter la soudaine averse d’orage. Je crains que les parents-avec-enfants n’aient été copieusement trempés.

#2949

Lubie féline. Chaque matin, ces temps derniers, Jabule ma chatte senior, exige que j’ouvre la porte du salon et, se précipitant au dehors, furète sur les carreaux de la terrasse à la recherche de flaques d’eau à laper, examine les feuilles de la fougère à la recherche de gouttes à lécher… et est déçue, comme il n’a pas plut ces dernières nuits. Pour lui faire plaisir, je jette alors l’eau de la gamelle sur le sol et le feuillage. Mais quelque chose me dit que demain ne la décevra pas, car le vasistas fredonne ce soir la grise chanson de la pluie.

#2948

Lisant tout à l’heure un article sur le drapeau breton noir et blanc qui va certainement flotter bientôt sur la mairie de Nantes, je me suis dit que s’il fallait un drapeau à Bordeaux alors il serait peut-être bleu, blanc, gris : comme le ciel changeant de ce dimanche, qui passait en un instant d’une « transparence de ciel napolitain » au voile sombre d’une averse puis lumière nette, passage de nuages blancs et ainsi de suite. Mais le soir éteint les couleurs et il fera bientôt nuit en cet automne atlantique.

#2947

Je rêve souvent de Roland, mais cette nuit je sais sans doute pourquoi il faisait ainsi partie des personnages de mon cinéma mental : je viens de relire son roman Folles années folles, un inédit de jeunesse (1980, il avait à peine 20 ans) que les Moutons électriques sortent à tirage ultra limité (300 ex) pour les souscripteurs d’un « crowdfunding ». Pas un texte qui serait publiable en librairie, trop inabouti et immature, mais un bon document sur les débuts de l’auteur, les années 80 de banlieues (les premiers chapitres) et la construction d’un imaginaire. Chez l’imprimeur en fin de semaine.

#2946

Faire quelques pas dehors et passer la main dans les tomatiers, dans les romarins et sur la bouillée de thym (« bouillée » est un terme tourangeau, cherchez pas) afin de respirer les bonnes odeurs, c’est le sublime minuscule d’un bout de jardin, si petit soit-il. Un plaisir olfactif, les senteurs, vertes, piquantes, sucrées. L’autre soir, la petite chatte tricolore en rentrant du dehors avait son pelage qui embaumait le thym, pas besoin de se demander où elle venait de dormir (un grand principe félin, cela : faire une bonne sieste avant de se coucher, afin d’être bien reposée pour dormir la nuit).