#6098

Oscillant ces temps derniers entre des romans de Murakami et de Jonathan Coe, je suis fasciné non seulement par la fluidité captivante de leur prose, leur beauté, leur humour, leur dureté également — là où deux séries de « cosy fantasy » lues récemment aussi, pour sympathiques qu’elles soient, frappent tant par le convenu de leur écriture que j’ai cru lire de la fantasy des années 80 genre Barbara Hambly, alors que ça vient juste de paraître — mais en fait… par leur voix. Si différentes, singulières et reconnaissables. Des intimes de ces auteurs entendent-ils le son de leur voix lorsqu’ils les lisent, en reconnaissent-ils le timbre ?

(La photo est celle d’un téléphone de Pierre Véry, que possède mon ami et éditeur Christian Robin)

#6097

Semaines crépusculaires où le jour ne se lève guère et où je reviens de nuit de la librairie, comme hier soir avec cette brume bleutée qui lançait des lambeaux depuis la voie ferrée et que les feux rouges me piquaient les yeux. Le ciel dominical vient de se dégager ce matin, j’ai donc circulé en boitillant entre les stands de la brocante – sous la flèche de saint Michel toujours emmaillotée, une pile de « nature writing » des années cinquante, un vendeur désignant « une boîte à onguent de chaman, Bornéo Sumatra », une bourgeoise à brushing feuilletant une pile de tomes d’Adolphe Thiers, un vieil arabe dépliant des tapis, des grappes de moineaux dans un arbuste dénudé, et un joueur de saxo sous la halle…

#6096

Le pas de rat de la pluie nocturne, trottinant avec insistance sur le vasistas, a bercé l’une de mes insomnies et ce matin, trop tôt levé, je frissonnais dans les ombres grises : les arbres n’ont pas encore roussi et pourtant c’est bien déjà une fin d’automne, tour à tour humide et sombre ou bien douce et lumineuse.

#6095

Trouvé ce matin l’un des drôles de romans d’une ancienne gloire bordelaise de l’université et des médias, Robert Escarpit, créateur notamment de l’IUT où je fis mes études et auteur d’une sorte de SF décalée chère au cœur de mon vieux camarade Pascal J. Thomas. Hier je lisais un autre ami, l’univers inquiétant des Navigateurs de Serge Lehman puissamment illustré par Stéphane de Caneva. C’est magistral, ce Paris parallèle et archéomythique, Redon, Cocteau, MacOrlan, je ne pouvais qu’aimer. Maintenant je m’essaye au Londres parallèle d’Alan Moore (Le Grand Quand).