Oh moi je file du mauvais coton : trois bouquins en cours, en même temps. Du « nature writing » : The Wood for the Trees de Richard Fortey, un an d’examen minutieux de la vie d’un bout de forêt ; de la littpop : le premier de la série du « Ministry of Peculiar Occurences » de Pip Ballantine & Tee Morris, du steampunk sympatoche ; et du « high brow » : The Children’s Book d’A.S. Byatt, à l’extrême limite de la fantasy.
Archives de l’auteur : A.-F. Ruaud
#2412
Strange things are happening. Depuis une semaine ou deux, le quartier résonne de « screech screech ! » réguliers et vocaux. Tout à l’heure, je suis descendu dans la rue d’à côté pour trouver d’où proviennent ces cris d’oiseau. Facile : quasiment d’en face chez moi, à l’angle de la résidence. Le mur du jardin est trop haut, je n’ai donc pas vu le volatile mais lui a sans doute senti ma présence, car il a varié ses appels en quelques « raaarh raaarh croaaa ! », qui me firent penser qu’il s’agit certainement d’un mainate. Oh l’animal, qu’il est bruyant : je viens de compter, trois « screech » en une minute. Et puis, sur le mur du garage attenant le jardin du mainate, j’ai observé une curieuse liane, d’où pendent des fruits en forme de prune, de l’orange d’un abricot… Fruit de la passion : tudieu, un bout de jungle au coin de chez moi ?
#2411
Et donc, au fait, j’ai lu Harry Potter and the Cursed Child, le texte de la pièce. C’est sympa. Mais de la fan-fiction écrite par l’auteur elle-même, bon, le concept est un peu curieux non ?
#2410
C’est vrai, c’est affreux, j’avoue tout : alors que je me prétend spécialiste des littératures du merveilleux, je n’ai jamais lu que le premier Oz de Baum, jamais rien des nombreuses suites… Et puis l’autre jour l’ami Laurent Q. me signale qu’il y a des soldes chez le libraire de comics, j’y vais jeter un œil, et que vois-je ? Le 3e Oz adapté en BD par Eric Shanower (texte) et Skottie Young (dessin), qui justement me manquait dans la série. Eh bien du coup, je suis en train de lire tout cela et c’est biiiiien. Malin, drôle, un imaginaire incroyablement vaste – et quant au dessin de Young, wow.
#2409
Je lis Cold Blood de Richard Kerridge, à la fois recueil de souvenirs, essai de science naturelle sur les reptiles et amphibiens, et réflexion plus générale — de l’intime au général, comme le fait le meilleur du « nature writing ». Et cela me fait remonter à ma mémoire un épisode de ma petite enfance, lors d’un séjour à Nantiat, dans la grande maison familiale avec un parc. Avec mon cousin Philippe, nous avions trouvé un crapaud, l’avions posé dans une bassine en plastique jaune. Et là, quelle idée ! Nous avons conçu le plan d’aller montrer notre crapaud à… Mémé ! Laquelle demeurait pour nous une figure mythique : extrêmement âgée (elle mourut à 103 ans), se tenant dans sa chambre tout en haut d’un escalier forcément immense pour les petits d’homme que nous étions, chez sa fille Tante Marthe, nous ne l’avions jamais vue. Pourquoi, comment, nos petites têtes firent-elles association si étrange entre la curiosité de voir un crapaud — la vie animale n’est-elle pas toujours fascinante pour les enfants ? — et le prétexte pour enfin voir la mystérieuse Mémé ? Passant par la porte du parc qui ouvrait dans le jardin de Tante Marthe, nous eûmes tôt fait, observés par aucun grand, de grimper l’escalier de la haute demeure et de pénétrer, intimidés mais enjoués, dans la chambre de Mémé. Regarde, regarde ce que nous avons capturé ! Et la très vieille dame, menue et sèche dans son lit, de rire de ces deux petits mômes soudain surgis dans son univers, de la bassine jaune et de son contenu perplexe.