#2262

Les bédéastes Bouzard et James rêvent de bosser chez le Canard enchaîné et le prouvent, en livrant un dessin par jour — j’adore ! Ça s’appelle On veut travailler pour le canard enchaîné. Et d’ailleurs j’adore globalement ce que fait James, qui s’est imposé rapidement comme un talent très sûr de la bédé d’humour. J’avais publié certaines de ses premières planches dans Fiction et je n’en suis pas peu fier, voilà, c’est dit.

#2261

Avec l’ami JJR nous avons quasi bouclé le 15e Fiction, déjà: 9 trad de F&SF, 4 francophones (Ferrand, Denis, Doke et Rey), 1 joli Jeffrey Ford (ça faisait longtemps), la chronique de Nico Lozzi, 1 long papier du bavard Colville Petipont, et la suite de la BD… C’est du dense! Le tout sous une couv de David De Thuin, bédéaste pas très connu (hélas) mais dont j’adore le style et qui m’a fait cela aux petits oignons — l’idée étant que ça sera imprimé sur une belle carte cannelée crème, que je voulais utiliser depuis longtemps (cet aperçu a un filtre beige dessus pour simuler un peu l’effet final). Et y’a plein d’autres petits monstres en 4e de couv.

#2260

Bonheur, il fait presque froid… Étrange temps, où l’on passe de la grande chaleur à une pluie froide et drue, dans un fracas de ciel tombant sur nos têtes.

Ces deux prochains jours, bouclage de Fiction tome 15 en compagnie de Jean-Jacques Régnier, rituel deux fois l’an. Puis une réunion éditoriale. J’ai fini un papier sur Mayfair 1920 et de brèves vacances s’approchent. Après une délicieuse cure de Wodehouse, je commence à relire les Christopher Fowler, la série des « Bryant and May », lamentablement non traduite en français, savez pas c’que vous perdez de bon. Pure littérature de et sur Londres. Le premier se déroule sous le Blitz.

Les commentaires du blog ne fonctionnent toujours pas, c’est idiot. Est-ce parce que je n’ai pas envie de donner des titres à mes billets? Zut, quoi, c’est un journal, depuis quand on met autre chose que la date, pour une entrée de journal?

#2259

La chaleur, c’est comme une maladie, une fichue infirmité.

Chaque été ou presque, cela s’abat sur moi comme une malédiction, m’obligeant à rester calfeutré, à vivre dans la pénombre, à jouer du store, à surveiller nerveusement la différence entre la température extérieure et la température intérieure, à vérifier le matin combien il fait et à vite fermer les fenêtres, à consulter la météo le désespoir aux tripes en priant pour un effondrement du temps… Parce qu’impossible d’aérer mon appart, dont toutes les fenêtres donnent sur la même façade. De plus, les murs, une épaisse muraille en mâchefer, emmagasinent la chaleur. Alors même hors canicule cela s’accumule, la température ne retombe pas assez la nuit. Et je sens ma vie se racornir, les coins roussis, enfermé comme je le suis, pas de lumière, pas de promenade, une vague nausée et une vague migraine, la respiration qui se bloque. Et le ventilo qui bloblotte, et la grosse clim mobile qui gronde et qui lutte, et l’ordi qui montre des signes de faiblesse. I hate that: mais que fais-je à Lyon? me demande-je chaque été.

Sur les conseils du professeur Mauméjean, je viens de lire le journal de Barbellion, un naturaliste anglais mort en 1919 à l’âge de 28 ans, d’une santé catastrophique toute sa courte existence (il s’agissait en fait d’une sclérose en plaques) et qui passait une bonne part de son temps à râler, grogner, rouspéter… et je me sens un peu comme lui, en ce moment, alors que j’ose espérer qu’en temps normal je suis un peu moins bougon, mais en ces semaines de chaleur je trouve la vie absurde… Alors je relis des Wodehouse, pour rire un peu (ou beaucoup), et j’écris, tête baisée, front plissé. Nothing else to do.

Spring came late, but when it came it was hand-in-hand with summer, and almost at once everything was baking and warm. (Nancy Mitford)

#2258

Right ho! Après Hercule Poirot, une vie, je suis encore et toujours en pleine Bibliothèque rouge, rédigeant mes papiers pour le volume Londres, une physionomie (qui doit sortir en mars 2013, en même temps que son petit frère Paris, une physionomie que je co-dirige avec le sieur Alexandre Mare). Écrit un article sur le Londres d’Hercule Poirot (48 000 signes), un autre sur le Londres de Jack l’Éventreur (38 000 signes), maintenant j’entame celui sur le Londres de Jeeves — chic !

Mais il fait chaud, pff, trop chaud. Ou selon les mots immortels de Bertram  Wilberforce Wooster : « It was the hottest day of the summer, and though somebody had opened a tentative window or two, the atmosphere remained distinctive and individual. »