Visite inaugurale ce midi de la Meca, l’arche brutaliste géante qui, au bord de la Garonne à Bordeaux, accueille désormais les trois agences culturelles locales – Le livre et le cinéma, le spectacle, et l’art contemporain – sous un ciel déjà impitoyable. Les instances culturelles seront-elles hantées par les fantômes des abattoirs qui s’élevaient auparavant ici ?
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#2794
Qu’il est bruyant, le silence de la ville, même en cette province. Au loin, à la limite de l’audible, des enfants jouent, parfois me parvient un de leurs appels, plus aigüe. Selon le vent, une rumeur du boulevard ou un galop ferroviaire enflent brièvement. La trompe d’un train vient de jeter son cri en deux tons puis montent les carillons de l’église, en un balancement sonore, un va et vient de bronze. Au-dessus de moi se froissent les feuilles du figuier, rêches et hésitantes. Il y a un bourdonnement d’insecte. Presque plus d’oiseaux à cette heure, ce matin je notais les sifflements d’un martinet, les roucoulades d’un pigeon et les trilles d’un merle, ne restent pour le moment que quelques piaille-piaille de moineau, discrets, modestes. Après les cloches, le roulement d’un store, le souffle d’une auto, des bruits de voix indistincts, puis tout se tait et ne subsiste que la respiration urbaine, rien de proche, juste des allusions. Mais voici le merle revenu, qui pousse ses notes claires.
#2772
Rentrant de l’anniversaire d’un copain par les rues calmes du quartier Saint Augustin / Parc de Lescure, que je connais assez peu ; ce doit à peine être ma troisième ou quatrième balade dans ces parages, d’une ample beauté. Marcher sur de larges trottoirs couverts de fleurs roses, sous les blanches façades Art déco, dans une nuit douce, bleue et rousse.
#2766
Au coin de ma rue, il neige à gros flocons qui blanchissent les voitures en stationnement et forment des congères sur le bas-côté : le bosquet d’acacias est en fleurs et l’air du quartier embaume de leur senteur de miel.
#2758
Hier le temps était au beau et dans cette sorte de clarté humide qui se faisait sous un ciel clair, de nombreux moucherons menaient une danse. Ils tressautaient dans l’espace vert entre les coupelles suspendues de l’abutilon, les grands doigts frais du figuier et la jungle frisée du fuchsia. De temps en temps, un bourdon fendait cette foule de miettes pour aller d’un pied de monnaie-du-pape à un autre. La quiétude de ce samedi semblait presque incongrue, après vingt-deux semaines de tournoiements d’hélicoptères, de bruits sourds dans le lointain et de sirènes plaintives, toute cette confusion brutale d’un régime au pain sec. Au soir, j’allais faire quelques pas sur les boulevards et les oiseaux trillaient, gloussaient, pépiaient, petits corps vibrant et fusant depuis les fils électriques jusqu’aux bas platanes qui sont de « frémissants docteurs glosant les subtilités de la lumière », comme le dirait Réda. Aujourd’hui la ville froide courbe l’échine sous un ciel blanchâtre, qui va rester dans cette hésitation, crachin, quelques traces de bleu, solitude silencieuse, la végétation se gonfle d’ombre et l’arbre de la vieille voisine pleure son feuillage roux comme pour un nouvel automne.