Archives de catégorie : Bx
#2716
En route pour un vide-grenier, destination-prétexte. Esquivant les boulevards, je passe par les artères molles de Pessac, un énorme figuier déborde du sommet d’un mur et lui répond de l’autre côté de la petite rue le débordement d’un olivier, couvert de fruits encore verts. Non loin de là, un pied de courge se tortille en larges boucles sur le trottoir. Au tournant de la rue Armand Fallières, les maisons basses s’abritent sous une double rangée de platanes pas bien hauts non plus, le quartier somnole comme dans le souvenir de cette troisième République. À l’extrémité d’une impasse, une passerelle arrondi son dos au-dessus de la voie ferrée, marches usées et treillis métallique, de là la ville dévoile son envers, des jupons fait de toits en taule, de briques sales et de jardinets en désordre. Que l’on passe l’image en noir et blanc et c’est le passé qui surgit.
#2677
#2676
Poursuite de mes lectures urbano-poétiques, avec ce recueil de souvenirs conseillé par mon archevêque de parrain. Mon propre Bordeaux appartient à deux époques : le milieu des années 80, où j’y fus étudiant, le Bordeaux de suie, et maintenant, pour y vivre, le Bordeaux blond — avec en quelque sorte une troisième époque qui se dessine actuellement, du fait des grandes constructions de Bacalan et d’Euratlantique, qui vont bientôt s’approcher de moi avec le nouveau pont de la Palombe et les bâtiments neufs annoncés dans la rue de la gare à la place de la rangée de gros marronniers, hélas. Ce livre-ci est intéressant en ce qu’il compare ma première époque (ce livre date de 1985) avec une autre, celle des années 50 de l’auteur, le tout dans le même style mauriacien que Suffran. Il qualifie même les chauffeurs de tramway de « wattman », terme oublié que l’on ne trouve plus que dans les vieux romans. C’est désuet, charmant, très emprunt comme il dirait, un peu moisi.
#2684
Le frottement des feuillages dans l’air tiède, un filet intermittent de vent, le cliquetis des griffes de la chatte sur le parquet, les sifflements des martinets, la voix atone et atténuée d’une présentatrice de documentaire, un heurt assourdi, le grondement lointain d’une moto, les petits claquements des lamelles du palmier, les martinets qui se rapprochent et repartent, sifflant de plus belle, une lumière dans la cuisine, l’eau qui coule au robinet, le souffle et les frémissements dans les buissons, le plafond gris des nuages qui se bosselle et se lisse à nouveau, risque de pluie 30% dit la météo, un grondement orageux qui tourne, fendant lentement le ciel, puis celui d’un train, le vent se lève.
« Cette heure magique lorsque la lumière est une propriété de l’air. » (Paul McAuley)