L’averse passée, Saint Michel luit, glisse, perle et dégouttelle… Fatras hebdomadaire, rituels, quotidienneté apaisée. Les voyages en Orient de Nerval, un pot en verre, une chayotte, des piments, des patates nouvelles, un Sainte-Maure, deux baguettes… La ville brille, les quais repeints de frais sous un ciel à la Sisley, avant l’averse suivante.
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#2584
Une brume nimbait l’air nocturne d’un mince voile, d’un trouble, lorsque je suis sorti ce soir, un tulle qu’irisaient les lampadaires et que perçait la pleine lune. Un phare bleu fumait dans le lointain de la géométrie des caténaires. Quelques pas lents par les rues calmes, et des lueurs, des étincelles, saisies fugitivement par des fenêtres — le sweet home de l’un est toujours le mystère de l’autre.
#2578
Bien plus que des trouvailles à dire vrai assez maigres, si je vais presque chaque dimanche à la brocante de Saint Michel c’est pour son ambiance, sa beauté bordélique, tout ce réjouissant foutoir déversé au pied de la flèche gothique, d’où naissent tant de visions incongrues – cette sculpture en bois qui arrondit les bras sur fond de ciel noir, ce matin, ou bien cette vareuse de marin accrochée à un perroquet comme une métaphore de pirate, ou cet immense tableau multicolore représentant Elizabeth première adossé aux grilles sombres de la basilique. So weird, so random.
#2574
(Notes) Sur le boulevard, les arbres gesticulent, piaillent, trillent et s’agitent des petites flèches noires qui, en retard, les rejoignent vivement.
Dans le ciel, les stratocumulus dessinent une nappe moutonneuse en ligne de fuite. Une lune supplémentaire, accrochée sous le cul d’une grue de chantier, s’épanouie auprès du bloc de béton.
Les vélos filent en rangs rapprochés : grincements circulaires et de guingois.
Au rose crépusculaire succède subreptice l’orangé de la vapeur de sodium, qui poudroie là-bas et grime les façades sous l’ombre tombée.