#2531

Souvent, à l’époque où je vivais à Lyon, ai-je raconté sur mon blog qu’à travers mes rêves transperçait fréquemment une envie d’habiter ailleurs, d’autres maisons, d’autres paysages. Depuis que je suis à Bordeaux cela ne m’est plus arrivé, me semble-t-il. Cette nuit pourtant : ma chambre sous la pente du toit, devenue une verrière, se perchait sur le dos immense d’un dirigeable et j’entendais distinctement le lent tchouf-tchouf-tchouf des hélices propulsant la maison — sauf qu’il s’agissait en fait de la percussion des gouttes de pluie sur le vasistas.

#2528

Comme l’on dit à la météo, « l’épisode de froid » semble terminé. Sous le gris perlé du ciel perce un léger bleu d’aquarelle et dans la lumière rendue un peu poussiéreuse par l’humidité tout ruisselle, dégoutelle, plic-ploc chanterait Trenet. Beau temps pour lire au salon avec une tasse d’Earl Grey à portée de main, slurp ferait un Anglais.

#2527

Un grand glaçon fige la ville, tout est immobile et silencieux. Au jardin chaque feuille se couvre d’une fine poussière blanchâtre, le gel, comme si soudain la nature se faisaient des cheveux gris, et à l’intérieur la chaudière ne parvient plus à maintenir l’habituelle douceur, cette maison du sud-ouest n’étant guère conçue pour une telle froidure. Brr. Vigoureuse, la nouvelle année.

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#2526

Une chose d’autrefois que je trouve fascinante, et c’est valable pour la plupart des villes, ce sont les anciens tracés des tramways. On installe maintenant de nouveaux tramways, sur de nouvelles voies, et ce sont des véhicules colossaux, de véritables trains, mais m’amusent et m’intriguent ces petits trams et trolleys d’antan, qui circulaient partout. Les villes étaient couturées de voies ferrées… Je lisais par exemple à l’instant à propos du marché des Capucins, à Bordeaux, que « le tramway, plus précisément le trolley, traversait la halle en son milieu ; à gauche, les légumes, à droite la viande et la volaille. » et je trouve cette image saisissante. J’ai connu l’ancienne halle, celle affreuse, étroite et grise chose usée bâtie dans les années 60 à la place de la splendide et haute halle précédente, j’ai vu une photo de cette dernière, et quelle connerie que de l’avoir abattue — et d’avoir reconstruit depuis une autre halle toute aussi moche et grise que celle des années 60. Chaque fois que je vois quelque part une évocation des anciens tramways, j’ai l’impression que l’on m’évoque une sorte de réalité parallèle des villes, une uchronie urbaine, vaguement steampunk — le trampunk, tiens, voilà un genre qui me plairait.