#5039

Période estivale, propice aux lectures documentaires. Tout en poursuivant ma découverte amusée et plaisante de Ngaio Marsh, dont j’entends bien lire les 32 romans policiers, j’ai repris L’Affaire Saint Fiacre de Simenon car la nouvelle en cours s’en reflète en partie, et surtout je cogite à ce que je pourrais écrire ensuite, l’été prochain. Un roman autonome dans l’univers de Bodichiev mais sans ce dernier ? Reprendre mon vieux projet de roman choral sur Bordeaux dans les années 1980 ? Essayer de mixer / transformer les deux ? Pour ambiances je lis du Eugène Dabit et du Francis Carco, deux de mes écrivains urbains favoris.

#5035

C’était il y a très, très longtemps, j’avais fait un séjour de trois semaines à San Francisco. On voit ici mon jeune moi penché sur un bottin téléphonique, dans le métro, en train de noter des adresses de librairies. Sur place, j’avais tenu un journal assez copieux, c’était la première fois que je le faisais, amorce de blog. En revenant, j’avais écrit une nouvelle, « Un ange sur le banc ». Elle fut publiée dans mon petit recueil chez la Clef d’Argent, Le Garçon doré. Et je viens de la rouvrir, d’un peu la retoucher (mais fort peu) pour une anthologie de fantastique que concocte Christian Robin. J’attendais l’été pour la relire.

#5032

(Week-end) Arrivé sous une bruine transperçante. Champignac maussade sous son habit de gris. Un chevreuil broutait paisiblement dans la prairie dépeignée. / Une main humide couvre la campagne et du ciel grisailleux flotte une bruine piquante. Foins coupés et bois mouillé parfument l’air. / Campagne frissonnante sous un ciel encore voilé. Les milans sifflent et les pigeons roucoulent. Un écureuil vient de passer sous les tilleuls. / Ne suis pas parvenu à prendre en photo les milans, qui tournaient très bas. Ils sont quatre, première fois que je les vois tous ensemble. Fini une vignette, simple prétexte à une scène d’ambiance, à la description de mes deux protagonistes — ce que je n’ai jamais tellement fait — et à l’évocation d’un tournant technologique de cet univers. 11 000 signes. D’une nouvelle supposée j’ai quantité de fragments épars, façon puzzle, et d’une autre seulement le début, façon esquisse. De quoi mâchonner tout l’été.

#5028

Bel orage ce midi. Dans ma petite nouvelle de ce week-end, j’ai fait usage de l’orage observé le dimanche précédent comme je rentrais du Béarn…

« Durant plus d’une heure, le train entretint une course avec un orage. D’immenses nuées roulantes se présentaient de profil sur la lumière claire, presque abricot, de la fin du jour. Le train longeait ce mur de nuées, parfois rattrapé par la violence d’une averse, pluie et grêle. Des éclairs fendaient la masse géante, leur tonnerre couvert par les heurts du souffle d’océan métallique et sec du convoi ferroviaire et les halètements de la locomotive. À la frange extérieure de la montagne orageuse couraient des nuages longs à la chevelure frisée et au ventre sombre, et d’autres encore d’un bleu-gris, épais traits nerveux comme peints à la brosse. Ils ressemblaient à des animaux, lévriers et hippocampes caracolant à l’avant-garde du front orageux qui fondait vers la terre. Puis tout de même le rail distança la tempête, ils laissèrent ces tourments derrière eux, le soleil déclinant transforma le ciel en une coupole rose. »

#5027

Week-end à la campagne. Matin frileux et humide, mais ça ne durera pas. Au petit-déjeuner le ciel était si bas que corbeaux et pigeons filaient près du sol. Une tourterelle trotte dans une allée. Relu ma courte nouvelle écrite hier, quelques ajouts et retouches. Crépusculaire car en fin de carrière du détective et après la mort d’un de ses proches. Je réalise que son assistant, Viatcheslav, ne figure dans aucune des nouvelles de ce dernier recueil, Voyages d’un détective à vapeur, seulement en destinataire de la missive d’introduction. Monsieur Bodichiev voyage seul.