Semaines crépusculaires où le jour ne se lève guère et où je reviens de nuit de la librairie, comme hier soir avec cette brume bleutée qui lançait des lambeaux depuis la voie ferrée et que les feux rouges me piquaient les yeux. Le ciel dominical vient de se dégager ce matin, j’ai donc circulé en boitillant entre les stands de la brocante – sous la flèche de saint Michel toujours emmaillotée, une pile de « nature writing » des années cinquante, un vendeur désignant « une boîte à onguent de chaman, Bornéo Sumatra », une bourgeoise à brushing feuilletant une pile de tomes d’Adolphe Thiers, un vieil arabe dépliant des tapis, des grappes de moineaux dans un arbuste dénudé, et un joueur de saxo sous la halle…
Archives de catégorie : journal
#6096
Le pas de rat de la pluie nocturne, trottinant avec insistance sur le vasistas, a bercé l’une de mes insomnies et ce matin, trop tôt levé, je frissonnais dans les ombres grises : les arbres n’ont pas encore roussi et pourtant c’est bien déjà une fin d’automne, tour à tour humide et sombre ou bien douce et lumineuse.
#6092
#6090
Longtemps qu’il n’y avait pas eu de promenade du samedi matin. Le ciel encore frais se chargeait de nuées en foule, le soleil perçait à peine sous les voiles gris, un œil trouble et éblouissant. Les verts coteaux de Lormont esquissaient une danse des voiles sous des fumées bleutées. Tout semblait doux. Puis l’azur s’est dégagé en grande chaleur et le promeneur fourbu a regagné ses pénates plutôt que de flâner plus longtemps sous la lumière rude.
#6089
Un très long moment ce matin, le glas a sonné à la cloche géante de la porte médiévale que l’on nomme la Grosse cloche, un monument que je ne cesse d’admirer à toutes heures et sous toutes lumières, qui cette fois prenait un aspect de solennelle violence – pour marquer les 80 ans de la libération de Bordeaux. Tout le quartier résonnait de cette voix grave, le choc de l’airain dans le jour clair d’une fin d’été.