#2549

Je suis en train de relire Printemps au parking de Christiane Rochefort, un roman qui fait partie des livres que j’ai beaucoup offert autour de moi. J’adore ce p’tit con. L’un des chapitres s’intitule « Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, mais quel monde ? ». La question n’est pas sotte, elle parle à moi qui ne me lève jamais tôt. Lorsque j’étais libraire déjà, dans une existence antérieure, la boutique ouvrait tard et je me levais de même. Devenu éditeur indépendant, j’ai poursuivi dans cette tradition que j’oserai dire familiale si j’en juge par l’heure à laquelle mes parents émergent, depuis que mon paternel se trouve à la retraite. Tiens, un détail que j’apprécie dans les Rex Stout (ma grande relecture au long cours, remember) c’est qu’Archie, l’assistant de Nero Wolfe, ne se lève pas tôt du tout et a du mal à se réveiller, il évoque souvent son brouillard matinal.

#2547

Michel Pagel me les ayant filé, j’ai entamé la lecture du premier Ed McBain : style superbe, ces descriptions de la ville, wow ! On verra si je deviens « accro » comme Michel, ce serait bien, il y en a un paquet à lire… Mais pour le moment je fini de relire les Rex Stout, j’avais presque oublié à quel point est excellent Plot it Yourself, qui se déroule dans les milieux éditoriaux (il n’a jamais été traduit, dommage).

#2544

Bossé vendredi et samedi sur un vieux projet perso, que je pense avoir enfin bouclé / peaufiné à fond. Reste maintenant que l’éditeur l’accepte… les satisfactions de type « j’ai fini ! » ne durent jamais bien longtemps. Et dimanche, profitant du soleil, lu une bonne grosse tranche de Tremontaine, le formidable feuilleton de Ellen Kushner & Co, juste reçu en pavé hardcover. Superbe développement de l’univers de À la pointe de l’épée (je crois que tel est le titre du seul tome traduit ?), par plusieurs auteurs, c’est touchant, amusant, prenant, intrigant – vraiment fort bien troussé.

#2543

Je lis Le Nombril du monde de Roland C. Wagner, que je n’avais jamais lu, repoussé que j’étais par l’une des couvertures les plus atroces qui ait jamais été glissée dans ma bibliothèque : eh, mais c’est très bien, tranquillement fun et niveau Futurs mystères, cette « petite musique » spécifique à Roland, un chouette petit roman… ça me fait un plaisir très doux que de lire un Roland pour moi inédit. Je sens que je vais le rééditer. Je ressors aussi sa Saison de la sorcière, en novembre, ça aussi c’est un grand plaisir. Et on cogite à un ou deux petits recueils originaux.

#2539

« No man can hold himself accountable for the results of his psychological defects, especially those he shares with all his fellow men, such as lack of omniscience » (Nero Wolfe)

En nos temps d’über dominance de l’image qui bouge, on entend souvent parler de binge-watching, alors est-ce que lire énormément et une seule et même série serait en quelque sorte du binge-reading — ou s’agit-il simplement de… reading ? Well anyway, ces dernières semaines, comme il m’en prend de temps en temps l’envie (les Maigret il y a quelques étés de cela, les Harry Potter un hiver récent), je dévore (le terme me plaît plus) une série qui m’est pourtant fort familière (mais justement) : les « Nero Wolfe » de Rex Stout. Vous ne connaissez pas ? Your loss. C’est une série policière américaine, sur un duo d’enquêteurs, un obèse autiste et génial et un petit rusé excellent danseur. Années 1930 à 60, grosso-modo, New York, tous les mecs portent un chapeau (homburg, fedora, même chapeau de paille l’été), toutes les femmes portent une hermine (vison, zibeline, etc.). Drugstores, night clubs, soda fountains, portiers, cabines téléphoniques. Plus les orchidées. Avec un mixte très original et assez subtil du whodunit avec le harboiled — Wolfe c’est un peu Mycroft Holmes et Archie c’est un peu Philip Marlowe. Je viens de m’en envoyer une vingtaine, et je ne m’en lasse pas. C’est pétillant, captivant, vintage, j’y reviens depuis mon adolescence.