#2413

Oh moi je file du mauvais coton : trois bouquins en cours, en même temps. Du « nature writing » : The Wood for the Trees de Richard Fortey, un an d’examen minutieux de la vie d’un bout de forêt ; de la littpop : le premier de la série du « Ministry of Peculiar Occurences » de Pip Ballantine & Tee Morris, du steampunk sympatoche ; et du « high brow » : The Children’s Book d’A.S. Byatt, à l’extrême limite de la fantasy.

#2410

C’est vrai, c’est affreux, j’avoue tout : alors que je me prétend spécialiste des littératures du merveilleux, je n’ai jamais lu que le premier Oz de Baum, jamais rien des nombreuses suites… Et puis l’autre jour l’ami Laurent Q. me signale qu’il y a des soldes chez le libraire de comics, j’y vais jeter un œil, et que vois-je ? Le 3e Oz adapté en BD par Eric Shanower (texte) et Skottie Young (dessin), qui justement me manquait dans la série. Eh bien du coup, je suis en train de lire tout cela et c’est biiiiien. Malin, drôle, un imaginaire incroyablement vaste – et quant au dessin de Young, wow.

#2409

Je lis Cold Blood de Richard Kerridge, à la fois recueil de souvenirs, essai de science naturelle sur les reptiles et amphibiens, et réflexion plus générale — de l’intime au général, comme le fait le meilleur du « nature writing ». Et cela me fait remonter à ma mémoire un épisode de ma petite enfance, lors d’un séjour à Nantiat, dans la grande maison familiale avec un parc. Avec mon cousin Philippe, nous avions trouvé un crapaud, l’avions posé dans une bassine en plastique jaune. Et là, quelle idée ! Nous avons conçu le plan d’aller montrer notre crapaud à… Mémé ! Laquelle demeurait pour nous une figure mythique : extrêmement âgée (elle mourut à 103 ans), se tenant dans sa chambre tout en haut d’un escalier forcément immense pour les petits d’homme que nous étions, chez sa fille Tante Marthe, nous ne l’avions jamais vue. Pourquoi, comment, nos petites têtes firent-elles association si étrange entre la curiosité de voir un crapaud — la vie animale n’est-elle pas toujours fascinante pour les enfants ? — et le prétexte pour enfin voir la mystérieuse Mémé ? Passant par la porte du parc qui ouvrait dans le jardin de Tante Marthe, nous eûmes tôt fait, observés par aucun grand, de grimper l’escalier de la haute demeure et de pénétrer, intimidés mais enjoués, dans la chambre de Mémé. Regarde, regarde ce que nous avons capturé ! Et la très vieille dame, menue et sèche dans son lit, de rire de ces deux petits mômes soudain surgis dans son univers, de la bassine jaune et de son contenu perplexe.

#2405

Entre deux essais… Fini de lire hier soir le dernier Lisa Tuttle, dont le titre révèle curieusement l’intrigue même : The Somnambulist and the Psychic Thief. Ce fut amusant et original – et tout même bien surnaturel, durant les 240 premières pages j’avais des doutes. A l’instar du dernier Kim Newman, voici un jeu fort agréable, que dis-je, assez jubilatoire, sur les ambiances et thématiques de la période victorienne, érigée en « moment » privilégié des imaginaires. Les littératures de l’imaginaire se forgent ainsi, bien au-delà du seul steampunk, tout un corpus référentiel et difficile à classer, d’une grande inventivité, d’une originalité vivace et ludique — j’adore ça, je vais d’ailleurs publier deux romans (français cette fois) de cette eau-là, un en octobre, l’autre en février, et je trouve que cela renouvelle de belle et littéraire manière les domaines SF et fantasy.

Laissé tomber Messieurs les ronds de cuir de Georges Courteline, sans le finir : je n’étais pas d’humeur. Trop de bassesse, de médiocrité, ce portrait est sans pitié, d’une férocité humoristique à la Guitry mais sans la lumière.