#2551

Eh bien, j’ai encore lu un bien mauvais roman. C’est de ma faute : le principe du polar régionaliste me séduit assez et j’étais donc curieux d’en lire un se passant à Chinon (la petite ville tourangelle d’où vient ma famille). Las, si le style était fort correct, les constructions adroites et les phrases plutôt soutenues, et que l’intrigue se tient bien, la psychologie est élémentaire, l’atmosphère absente et la construction fait téléfilm. Quant aux descriptions, zéro, seule ma connaissance des lieux me permettait de « voir ». Bref, niveau manuscrit que je refuserai — un (bon) polar a besoin de corps, de caractère, d’atmosphère…

#2550

Mode « grmbl » on. Mes lectures récentes furent fort insatisfaisantes.

Le roman finlandais traduit en américain, The Rabbit Back Litterature Society de Pasi Ilmari Jääskeläinen, c’est finalement révélé long et filandreux pour pas grand-chose, l’auteur passant selon moi quasiment à coté de son sujet (une belle intrigue de fantasy) pour se perdre dans de oiseuses et idéalistes considérations sur l’écrivain et son inspiration, c’est ridicule et prétentieux, typiquement de la fantasy version « mémés qui ne lisent que de la blanche », quelle misère…

The Eterna Files de Leanna Renee Hieber, steapunk a priori sympa mais le bouquin ne semble pas réellement fini, c’est trop court, tout est précipité/concentré exagérément, les ellipses sont brutales et mal conduites, quelle misère…

A Darker Shade of Magic de VE Schwab, au blurb laudateur de Delia Sherman sur la foi de laquelle je l’ai acheté (et sur la couverture superbe, aussi), est terriblement sans goût ni coisse (expression tourangelle), du sous-Moorcock sans zeste, sans style, aux personnages immatures et dénués d’épaisseur (on voit que l’auteur vient du young adult bien commercial), l’univers présenté pourrait avoir la richesse d’un Zelazny (échos d’Ambre) mais non, c’est plat au possible, quelle misère…

Et puis le pastiche de Holmes et Watson situé en 1420 par Jean d’Aillon, chez 10/18, alors? Lamentable: les personnages ne conservent que le patronyme de leur inspiration, ils ne possèdent absolument rien de la psychologie des originaux donc quel intérêt? Et l’écriture me semble très contestable: de la documentation historique fourrée grossièrement à chaque paragraphe, des notes de bas de page historiques pour en rajouter encore, des descriptions pesantes, des apartés historiques qui soulignent seulement le côté mal fichu de la mise en contexte, une foultitude de salauds sanguinaires qui encombrent les pages sous prétexte qu’ils sont royalement historiques, ah et vous ai-je dit que c’est du polar historique, enfin, moins polar qu’historique? Quelle misère…

Ensuite j’ai mis le nez dans une fantasy française que je ne citerai pas, pleine de fautes de grammaire et de verbes « être » à chaque ligne, quelle misère…

Et pour finir dans les calamités, le Spirou « one shot » nouveau, dessin plat, scénario plat, couleurs moches, persos grossièrement hétéros, une seule planche m’a réellement fait rire, les scénaristes s’imaginent qu’en gavant leur intrigue zigzagante de citations franquinesques ils font une bonne histoire? Ben non, quelle misère…

Bref je suis un tantinet de mauvais poil. Heureusement qu’entre chaque (mauvais) roman je continue à savourer des nouvelles de Sylvia Townsend Warner, si belles, si calmes, cette grâce modeste, cette délicatesse presque intangible, c’est du bonheur.

#2546

The flat was dark and cosy, filled with wood and red fabric, the sort of place Edwardians liked to read improving books in.

Lectures encore. Suis en train de lire The Clown Service de Guy Adams, premier volume d’une série mêlant étroitement espionnage et magie dans une forme de fantasy urbaine aussi originale que réjouissante — le style est très bon, l’humour également, c’est Chapeau melon avec de vrais bouts de surnaturel dedans. Suis également dans The Company Man de Robert Jackson Bennett : ayant été renversé par la puissance d’inspiration de son City of Stairs, j’ai voulu savoir ce que cet auteur faisait d’autre et sa proximité de force et d’inspiration avec China Miéville est encore renforcée par ce polar steampunkoïde, style superbe, auteur à suivre. Enfin, Le Guépard de Lampedusa, il y avait déjà bien une dizaine d’années que je ne l’avais relu, toujours un plaisir étrange, d’infusion lente et savoureuse.

#2544

Lu ce matin la version noir et blanc du Chaminou de Raymond Macherot, dans cette si belle collection des éditions Niffle. Comme d’habitude les commentaires courant en bas de page, par Hugues Dayez, ne me satisfont pas pleinement, demeurant superficiels, sans aucune analyse narrative, seulement de l’anecdotique historique. C’est dommage, mais pour le reste, quelle splendeur que du Macherot en grand et sans couleur, bien mis en valeur sur beau papier, et cette histoire ahurissante, tellement épatante. Les yeux se régalent, les papilles se réjouissent.

#2543

Lectures : fini The Whispering Swarm de Michael Moorcock, curieux et très beau mélange d’autobio, d’univers parallèle et de fantasy ; l’absolument renversant City of Stairs de Robert Jackson Bennett, de la fantasy post-magique comme l’on dirait de la SF post-apocalyse ; l’amusant The Invisible Library de Genevieve Cogman, de la fantasy steampunk qui appelle sans doute des suites mais c’était fun ; et pour poursuivre dans les histoires de bibliothécaires magiques, je suis dans The Rabbit Back Literature Society de Pasi Ilmari Jääskeläinen – en anglais puisque pas traduit en français de toute manière, et la couverture m’avait attiré. Roman finlandais de fantasy urbaine disons, ou fantasy rurbaine pour être précis (petite ville, neige), amusant, intelligent, original, ça me fait penser à la fois à du Paasilinna et du Murakami, avec sans doute une pointe de Jonathan Carroll.

« Autumn seeped into the grass, plants and trees and gushed from the treetops up into the sky to cover the landscape. » (Pasi Ilmari Jääskeläinen)