#2536

Cela fait trente ans que je lis et que je relis le récit de leurs existences, au point de les connaître comme s’il s’agissait d’amis, des amis que j’ai rencontré puisque je connais même leur visage (par la belle série qui en fut adaptée) et que je suis allé chez eux (mon voyage à San Francisco il y a si longtemps). Hier soir j’ai fini le neuvième et dernier tome des Tales of the City d’Armistead Maupin, et je m’en suis senti un peu triste. La formidable Anna Madrigal, l’adorable Michael « Mouse » Tolliver, l’irritante Mary Ann Singleton, et tous les autres, si nombreux, si familiers. Incroyable, formidable série littéraire que celle-là (les Chroniques de San Francisco en VF), à laquelle je ne suis pas près de cesser de revenir. Effet de réel… total. Ils me parlent absolument, ils appartiennent à ma propre histoire.

Et puis comme je suis une fois de plus en manque de San Francisco, une forme de nostalgie qui me prend de temps en temps depuis ce lointain voyage, et alors qu’en réalité je doute de trouver jamais l’occasion d’y retourner, je « lis San Francisco » : avant les deux derniers Maupin, j’avais relu Notre-Dame des Ténèbres de Fritz Leiber (Our Lady of Darkness), vraiment l’un des plus beaux romans que je connaisse, à la fois bavard, tendu, lent, erratique, imagé, à la fois sombre et lumineux… Et je continue avec un Michael Chabon récent, Telegraph Avenue

#2529

N’en déplaise aux chantres officiels du « plus c’est chiant plus c’est valable », selon moi lire c’est du plaisir, et un plaisir que je m’emploie à faire varier autant que faire se peut. Cette semaine, où je fis largement relâche, j’ai donc dévoré du Patricia C. Wrede (relecture des deux Mairelon the Magician, très rigolos), du China Miéville (le vertigineux The City & the City), un roman steampunk bien amusant (The Martian Ambassador d’Alan K. Baker, mélange audacieux d’aventures, de polar, de SF et de féerie, et c’est largement aussi bon que du George Mann ou du Mark Hodder lancés par le même éditeur – Snow Books – mais plutôt mieux écrit, finalement) et… une grande rasade d’Alvaro Mutis ! C’est mon ami et confrère Fred Weil qui m’avait offert cet énorme recueil de l’auteur colombien, réunissant les carnets et papiers divers concernant Les Tribulations de Maqroll le Gabier. Et quel régal que tout cela : on croirait lire du Corto Maltèse écrit par Borgès, en pas chiant. Aventures, folie douce, mélancolie, nostalgie douce et aussi joie de vivre ! Le tout servi par une plume superbe, que les traducteurs rendent à merveille. Miam miam. De la « littérature générale » aussi jubilatoire que de la « littérature de genre », c’est dire la perle.

#2525

Ce week-end, j’ai encore rangé ma bibliothèque, ayant constaté qu’il y avait par endroits des erreurs d’ordre alphabétique assez criantes. Et je suis retombé sur ces deux petits volumes, ravissants je trouve, c’est d’ailleurs parce que je les trouvais si jolis que sur un coup de tête je les avais un jour achetés à la regrettée librairie Fantasy Centre, dans le nord de Londres (édition des années 30 mais en fait l’un est une réimp de 1941, l’autre de 1948). Du coup, j’ai relu trois nouvelles de Saki, délice gourmand s’il en est, c’est drôle et piquant, formidable.

Saki1Saki2

#2522

Dans la lignée de mes lectures de Lev Grossman, me suis souvenu que j’avais dans l’ordi un documentaire sur C. S. Lewis que je n’avais jamais regardé. Bien chouette, et quelle classe : présenté par A. N. Wilson, le grand historien/critique littéraire et biographe de Lewis, les docu anglais ne sont jamais présentés par un analphabète d’animateur télé quelconque mais toujours par the real thing, un véritable spécialiste. Sinon, lu un court Graham Joyce de toute beauté, The Ghost in the Electric Blue Suit (mais j’ai découvert que je l’avais en double, ayant aussi acheté, oups, la version anglaise qui s’intitule The Year of the Ladybird) et je fini de lire l’étrange roman anglais offert par le professeur X, Let’s Kill Uncle de Rohan O’Grady, une comédie datant de 1963, à la fois drôle et triste, touchante et cruelle, tout à la fois cosy et dérangeante, très inventive — étonnante. Sinon, orgie de musique outrageusement seventies : Eela Craig, Nektar, Deodato, Hancock, Go, Santana…

SpirouNoel

#2518

Avoir rangé ma bibliothèque, après un déménagement et pas mal de mois en cartons entassés, et d’avoir presque tout réuni sur le même mur des romans, sans parler du fait d’avoir trié les colis supplémentaires récupérés à Lyon, me donne quelques perspectives et un peu de recul sur tout ce qui est accumulé là. Non seulement cela me procure une looongue liste d’envies de relectures, mais m’amuse d’y discerner par endroits des concentrations particulières — celles de certains de mes auteurs favoris les plus prolifiques. Cela commence avec Charles de Lint, qui avec une cinquantaine de volumes occupe un sacré espace. Puis ce sont Jasper Fforde, Neil Gaiman, Jean Giono, Lisa Goldstein, Elizabeth Goudge, Barbara Hambly, Russell Hoban, Christopher Isherwood, Michel Jeury, Garry Kilworth, David Lodge, Alexander McCall Smith, Xavier Mauméjean, Guy de Maupassant, Armistead Maupin, Robert Merle, Eduardo Mendoza, China Miéville, Patrick Modiano, Haruki Murakami, la famille Murail, Pat Murphy, Michel Pagel, Pierre Pelot, Melissa Scott, Thomas Burnett Swann, Élisabeth Vonarburg, Robert Charles Wilson, P. G. Wodehouse, et le corner Roland C. Wagner… (sans parler du polar, qui est sur l’autre mur, ni de toute la jeunesse, rangée à l’étage)