#4088

Pas mal lu durant ces quelques jours de pause en pays d’enfance. Fini un énorme manuscrit, lu la moitié d’un autre (les deux excellents), et relu l’étonnant Mémoires de Maigret où Simenon livre bien des clefs de la biographie de son grand flic et s’excuse en abyme de toutes ses contradictions — il faudrait refaire une bio de Maigret sur cette base. Lu aussi Absence de Mario Ropp, conseillé par l’ami Pagel, où plus Sagan que jamais la dame livre un non polar froid et tendu. Je commence maintenant la dérive surréaliste Les Dernières nuit de Paris de Soupault, autre pseudo polar. Je lis beaucoup ces derniers mois en dehors de ma « zone de confort », c’est-à-dire en territoire de la « blanche » plus ou moins ancienne (moderne plutôt que contemporaine, disons), motivé par des questions de style, d’étude des manières d’écrire, en fait.

#4028

Ah c’est certain, avec ces deux mois de maladie, peinant à lire sur papier, j’ai pris beaucoup de retard dans mes lectures bédé, et je continue pourtant à en acheter, l’actualité redevenant riche. Enfin, gageons que lorsque j’aurai enfin mes nouvelles lunettes j’écluserai assez vite tout cela. Après une grosse décennie à m’être un peu éloigné du domaine, j’ai gravement rechuté, du fait de la fréquentation d’un excellent dealer. Les libraires nous veulent du mal. Et en début d’après-midi je me trouvais accoudé au bar dudit marchand lorsqu’un copain me texta qu’il m’envoyait son gros album tout neuf, et moi de m’en réjouir, accro que je suis. On est bien peu d’chose, allez.

#4019

La grande rumeur cadencée d’un train passe dans la nuit. Une rivière de métal. C’est le monde qui passe au large de mon petit domicile. La pluie promise n’est pas tombée. J’ai relu ces dernières semaines les Dorothy Sayers en VO et ai de nouveau envie de lire en français, ça m’est nécessaire pour en quelque sorte alimenter mon envie d’écrire encore frustrée par la maladie, lire du style, regarder notre langue en travail. Enfin, j’entre en convalescence et reprendrai au plus tôt l’écriture. Que lire donc, sans doute vais-je piocher de nouveau dans les vieux polars français, tiens Francis Didelot ou Jacques Ouvard, par exemple. La lecture de romans policiers entretient également en moi la tournure d’esprit nécessaire pour creuser l’univers de Bodichiev, cette douce obsession qui est mienne.

#4014

Tout fait ventre, dans l’imaginaire. Hier à Champignac, mon parrain sachant qu’à lire je fatigue vite eut l’idée charmante de me faire une lecture à haute voix du roman qu’il venait de prendre, un Pierre Loti. Ample langue classique, le beau style jusqu’à la préciosité, et des descriptions riches, vécues, goûteuses, de l’Istanbul du début du siècle dernier. Et outre le plaisir certain de cette séance, voici qui reliait comme magiquement avec une idée que je brassais vaguement pour le « roman choral » de Bodichiev que je commence à assembler dans ma tête : un segment à Istanbul. Un paysage émerge, de petites scènes s’esquissent.