#3028

Un Maigret des débuts, 1931. Formidablement chargé d’images et d’ambiances, une langue évocatrice et bien personnelle, les détails du passé et la gourmandise du style. Lecture parfaite pour jour de pluie où tout dégouttèle au dehors et où le férié rend la ville muette. Ciel livide et feuilles tremblantes. Un « roman gris » pour journée de grisaille.

#3020

Pourquoi ai-je tant de livres ? Discutant l’autre jour avec mon assistant de romans que je venais de retirer de mes étagères, pensant que je n’aurai guère l’occasion de les relire, le garçon esquissa un coup d’œil interloqué vers la bibliothèque la plus proche et me demanda si je pensais que je pourrai relire tout cela ? Certes non, et depuis quelques temps je m’interroge un peu sur ces murailles de papier que j’ai érigé chez moi. Question existentielle. À quoi bon ? Je connais pourtant deux éléments de la réponse : tout d’abord, parce que cet entassement me procure un étonnant plaisir, et ensuite parce que la source de cette réjouissance c’est sa potentialité : tous ces récits que je n’ai pas encore lus, tous ces récits que je peux relire. Un potentiel de lecture, un réservoir qui me comble et me rassure. Tant qu’il y a de la lecture il y a de l’espoir, en quelque sorte.

#3010

Je constate fréquemment que les librairies françaises manquent de diversité dans les rayons qu’elles proposent et m’étonne même de l’absence complète de deux rayons classiques de leurs collègues anglo-saxonnes, à savoir le rayon de la nature (et plus particulièrement l’absence de « nature writing » en France) et celui des biographies littéraires – pas les pâles confessions des vedettes souvent rédigées par des nègres, mais les études longues, sérieuses et détaillées des vies des grands artistes et écrivains (surtout), qui constituent un genre littéraire en soi. Assouline a beaucoup contribué à ce « rayon absent », comme Maurois autrefois, et pour ma part cela demeure l’un de mes péchés mignons que de régulièrement me plonger dans l’un de ces pavés afin d’accompagner et mieux comprendre tel ou tel auteur. J’avais lu il y a quelques mois une autobiographie de l’auteur britannique que nous connaissons (?) sous le nom de plume de Richard Cowper, et je suis présentement dans une bio de Margery Allingham, l’un des phares du roman policier classique d’outre-Manche. Mon ancien complice Olivier qualifie cela d’un travers de « biographisme » mais quoi, je regrette de ne pouvoir lire la bio d’un André Franquin ou d’un Michel Jeury, par exemple.

#3007

Un peu surpris d’être si fourbu le soir, ces temps-ci, ce début de printemps me trouve un peu mollasson, souvent harassé. Tranquille pourtant, serein et lisant plein de bonnes choses, comme une douce et intrigante fiction steampunk de Natasha Pulley, autrice best-seller anglaise pas traduite ici (trop steam, trop gay ?) ; la dernière novella en date de Ben Aaronovitch, toujours aussi magique, vraiment un de mes auteurs favoris ; les surprenants et réjouissants Panthéra de mon vieux frère Michel Pagel ; ou bien encore un curieux Maigret que j’avais complètement oublié, Le Fou de Bergerac

#3006

Je poursuis une cure de vieux polars francophones, d’après guerre : Louis C. Thomas, André Picot, Louis Rognoni, Jacques Decrest, Mario Ropp, et toujours Simenon, romans durs ou romans gris. Vintage. Genre, avec le générique des Cinq dernières minutes en tête. Pour changer un peu, tout de même, j’ai entamé hier au soir la relecture du Correspondant local de mon gentil camarade Queyssi, maintenant qu’il est paru et c’est, comment dire ? Remarquablement fluide, fort gouleyant, d’une chouette petite musique.