#5086

Sous le séquoia après la pluie il pleut encore, de toutes les gouttes retenues au bout des aiguilles. À l’entrée d’une prairie, un étrange masque extraterrestre éclaté au sol en larges fragments écailleux et fongiques : un nid de frelons décroché par la tempête. Au coude d’un autre pré, un nouveau semis de coulemelles, tels des parapluies en bois plantés dans l’herbe.

#5085

Ce fut une très belle apocalypse. La soirée à la bougie, la tempête hurlant et griffant, puis au matin un orage lâchant son armée de motards et un déluge de pluie. Derrière la maison a soudain levé un escadron de coulemelles drues et hautes, mais surtout un autre géant s’est effondré. Après le cyprès d’il y a deux ans, c’est l’un des trois frères mélèzes qui, fendu en deux, a répandu branches et écorces au sol. Immense tristesse. La mare pour sa part est enfin réapparue.

#5083

Dernier séjour à Champignac, la saison s’achève pour les repos en campagne, sous les rafales et les averses cinglantes, avec des nuées de bruine qui gomment le haut des arbres. Un bref clin de soleil pare de dorure un arbre roux puis tout s’éteint à nouveau, fondu dans le gris. Dans le grand escalier maussade sonnent les ronflements de la chaudière. La nature, toute souillée du froissement humide des feuilles mortes, somnole et bruit.

#5065

L’orage grommelle, la pluie grésille, le vent bouscule, les nuages défilent. Dans le salon sentant l’encaustique, j’écoute le dehors s’agiter, me tiens parfois à l’une des portes afin de humer l’averse. Ennui de la campagne sous le gros temps et pulsation de l’arthrose dans mon épaule droite : un dimanche à sentir son âge.

#5064

Comme un premier jour d’automne sur Champignac, avec ce voile bleuté d’une moiteur translucide qui gomme légèrement les prairies. Si les feuillages portent tous des gouttelettes, et que le tapis roux des feuilles mortes colle aux semelles, la mare demeure toujours vide. Au sol rougissent de petites pommes de pin. L’air fleure bon le périchor et la menthe.