#145

C’est grave docteur?

Londres, j’y pense… tout le temps. Littéralement. Je suis un peu cinglé, oui, je sais. Tout le temps, donc — et en particulier dés que je m’ennuie un petit peu, genre une tache routinière & répétitive à exécuter à la librairie, pouf, j’ai une « bouffée de Londres » qui me remonte en tête… Une ambiance, un lieu, un décor… J’ai l’impression d’avoir Londres en permanence au bord de la conscience, affleurant régulièrement. Londres comme fugue, comme paysage interne, comme utopie personnelle…

Bon, à part ça — quoique un peu Londres quand même: suis en train de lire Or not to be, le nouveau Fabrice Colin (avec en couv une belle illus de Maxfield Parrish, rien que ça! Veinard Colin, qui en n’étant pas étiqueté « fantasy » chez l’Atalante échappe aux croûtes boueuses de leur peinturlureur habituel).

Fasciné. Sous le charme. Quelle beauté & quelle force! L’est doué le Fab.

#144

Chouette.

J’aime bien qu’on me fasse des cadeaux.

Patrick m’a offert pour Noël une belle statuette d’un des maxi-monstres de Maurice Sendak (un des personnages tirés de son album classique Max et les maxi-monstres). Et Michel vient de m’envoyer une plaquette intitulée Victorian Cosy, publiée par l’asso holmésienne parisienne qui l’avait récompensé pour sa nouvelle « L’index brisé ». Nouvelle publiée dans ladite plaquette, donc, avec une nouvelle « d’effroi victorien », disons, et deux autres petites enquêtes d’Holmes par des amateurs. Sympa comme tout, tout ça.

Pour la petite histoire, cette nouvelle de Pagel, c’est moi qui en avait provoqué l’écriture — pour une antho commandée par un éditeur, puis abandonnée par ce même $£§*ƒ! d’éditeur. 🙁

Outre des nouvelles anglo-saxonnes (parmi lesquelles la Moorcock dont je donnais le lien l’autre jour), il y avait déjà aussi la nouvelle de Sylvie Denis parue dans l’avant-dernier Bifrost, une David Calvo que j’espère bien intégrer dans son recueil l’an prochain, et une Marie-Pierre Najman encore en rade pour l’instant…

#143

Lu: Lisbonne, voyage imaginaire, de Raphaël Meltz sur des illustrations de Nicolas de Crécy (Casterman).

Acheté pour les illus, bien sûr: De Crécy est un fabuleux artiste, au style très personnel, et si je n’aime guère les scénars de ses bédés, hélas, j’ai toujours adoré sa « patte ». Ici il nous offre des dessins grand format, une sorte d’exploration personnelle d’une ville, et c’est le bonheur! Amoureux comme je le suis des villes, je ne pouvais que craquer — d’ailleurs j’attendais ce carnet de voyage avec impatience, sachant qu’il devait sortir. De plus, Lisbonne est une ville qui m’attire bien — je sais que je serai peut-être déçu le jour où j’irai, un peu comme je fus déçu par Barcelone (je crains la crasse, par exemple…), m’enfin j’ai tout de même envie de la voir, de la découvrir…

Ici, Nicolas de Crécy griffonne des pans de mur, reproduit un fragment de trottoir, aussi bien que la vue d’une rue, le panorama à travers une fenêtre, ou une enfilade de toits… C’est totalement subjectif, pas du tout « touristique », ce pourrait presque, par moment, être une toute autre cité — et voilà un élément qui me séduit dans son bouquin: il déniche du « pas banal » aussi bien qu’une sorte d’universalité des villes…

Le texte pour sa part est un peu prétentieux de ton, mais astucieux dans le principe: l’auteur y colle, y compile, une foultitude de citations sur Lisbonne, afin d’en (re)constituer un portrait à la fois précis & impressionniste — alors qu’apparemment il n’est jamais allé à Lisbonne!

#142

Je crois bien que les chats émettent des particules inconnues de la science — des dormitrons, quelque chose comme ça. Du dodo, quoi. Car il n’y a rien que les chats fassent mieux que dormir.

En sortant de la boutique vers 14h, cet aprem, je suis un peu allé faire les soldes — pas de fringues, encore des broutilles décoratives, l’autre jour c’était une bougie décorée d’égyptien & de grec, cette fois une affiche de Mirò. Un tour à la fnagque (Tangerine Dream y est inconnu..) puis je suis rentré. Et moi qui pensais bouquiner, tu parles, la fatigue… Vidé je suis, besoin de calme, de… de rien, tiens: besoin de Rien. D’un grand bout de Rien bien blanc, bien cotonneux, bien silencieux, bien calme.

J’ai fait dodo.

Au grand plaisir de Nina, qui semble décidément adorer dormir avec moi. Sacrée petite bête.

Bon, si: j’ai quand même lu une petite bédé auto-éditée que son auteur, un mignon p’tit brun, a déposé à la boutique ce midi. Des haricots numéro un, par Lucas Méthé. J’ai tout de suite trouvé ça très beau — à la fois sobre & « griffonné », une patte bien à lui je trouve. Il s’agit de petits récits autobios, comme de juste en matière de bande dessinée « indépendante ». Touchants, des petites tranches de sentiments bien mis en scène. Lucas Méthé, 5 montée de la butte 69001 Lyon.

Je ne parle pas tellement ici des bédés que je lis: j’en lis trop, et surtout des drouilles — profession oblige. Si peu de bonnes choses… Dans l’ensemble, le domaine me semble écrasé par les bédés « réalistes », au dessin sans ombre ni perspective, anatomiquement maladroit — tous les daubesques produits pour courir derrière le fric de Van Hamme, et tous les machins historicos. Ou alors y’a le gros humour bien gras bien con.

Lu il y a peu, tout de même, très chouette: Le Legs de l’alchimiste. Chez Glénat, dans leur nouvelle collec historico-ésotérique (brrr). Une surprise donc, dans un cadre aussi craignos. Stylistiquement, un mélange de Christophe Blain & de Joann Sfar. Sous influence, le gars, mais que c’est beau quand même! Et une histoire zarbi/rigolote, de révolution populaire, de golem pas content & de petit cambrioleur minable. Avec un p’tit twist inhabituel dans la narration, ça m’a un peu rappelé du Peter S. Beagle. Ah oui, les auteurs? Euh, voyons voir: Tanquerelle (c’est le dessineux) & Hubert.

#141

En prenant dans ma bibliothèque In the Dead of Winter d’Abbey Pen Baker, l’autre jour, je me suis mis à admirer sa maquette, élégante & sobre — d’un degré de sophistication que peu de livres français, hélas, atteignent en général… (il s’agissait d’un hardcover américain, faut-il préciser)

Sur le coup, je n’ai pas prêté une attention particulière au petit dessin d’une araignée qui trônait sur l’une des premières pages, en regard du titre. Une araignée en illustration d’un polar, voilà qui n’offrait pas une grande surprise.

Seulement voilà… Ce roman, je l’avais acheté l’année de sa parution (en 1994 — dans une petite librairie de polar près de Covent Garden, à Londres, dont j’ignore si elle existe encore) et ne l’avais pas ouvert depuis. Et l’araignée… est bien réelle! Il ne s’agit pas d’un dessin, comme je l’avais cru au départ, mais bien d’une véritable petite araignée écrasée/séchée là, pile en face du titre. Bel hasard.

Lecture très agréable, sinon, que ce polar — astucieux & bien conduit, et ouvrant une perspective inédite sur la carrière de Sherlock Holmes — puisque c’est ici sa fille (!) inconnue qui mène l’enquête, fille qu’il aurait eu avec LA femme, Irène Adler. Les auteurs (autrices) récents d’hommages holmèsiens s’ingénient souvent à mettre en scène des personnages féminins, trop rares & trop marginaux chez Doyle. Ainsi Carol Nelson Douglas narra-t-elle les enquêtes d’Irène Adler, herself, et Laurie King s’attache-t-elle aux pas d’une tardive apprentie/épouse d’Holmes — avec énormément de talent. Et ma foi, je trouve que cette Abbey Pen Baker (inconnue & apparemment seulement l’autrice de ce tome-ci — dommage, j’en aurai bien repris pour un « tour ») ne déchoit pas de la comparaison avec les deux grandes dames précédemment citées. J’avoue même m’être fait prendre vers la fin, par un élément que je n’avais pas vu venir — chapeau, un délice holmèsien comme je les aime.

Sinon, j’ai exploré ces deux derniers soirs les entrées du Oxford Companion to Children Litterature — j’adore les encyclopédies d’écrivains, et celle-ci relève d’un domaine que j’aime tout particulièrement, bien sûr. Les entrées pour des écrivains récents sont (trop) maigres, je trouve, il y a même beaucoup d’absences inconvenantes — Jane Yolen ou Lawrence Yep sont parfaitement inconnus en ces pages, de même que Chris Van Allsburg ou David Wiesner, par exemple! Et le tout est d’un anglo-centrisme forcené. Mais qu’importe: pour les auteurs « classiques » les notices sont longues, vivantes, vraiment passionnantes.