#159

(…)

Wow! Un énorme, colossal gazomètre s’élève tout au bout d’une petite rue. Je bifurque afin de contempler/photographier ce spectacle étrange. Il domine de sa masse formidable une rangée de maisons ordinaires, qui s’alignent ici comme ailleurs, comme si de rien n’était. Le gazomètre a une superstructure en fer forgé, comme tous les gasholders victoriens qui subsistent à Londres, mais sa panse rebondie est de plus couverte de briques. Très esthétique.

M’étant finalement décidé à consulter le plan, je décide de continuer à descendre jusqu’à la vallée de la Lea. Je verrai bien ensuite. La Lea Bridge Road est une avenue brutale, droite, bruyante, les voitures y passent rugissant — mais pourtant, un cheminement cycliste la borde, où les étapes des vélos comme des piétons sont parfaitement balisées. Des panneaux indicateurs pointent vers les différents points d’intérêt. Dont la vallée de la Lea (ou Lee, les deux orthographes sont valables).

Sur le bord de la chaussée, un renard. Mort. Très grand — je ne réalisai pas qu’un renard pouvait devenir aussi grand.

Le vent souffle en véritable tempête. Je suis content d’être protégé par le bonnet que m’a prêté Olivier.

L’avenue passe par-dessus la rivière Lee, le sentier de promenade bifurque juste après: le Lea Valley Pathway. Je descend sur un chemin de terre battue, jaune, enclos d’hautes herbes en paille, d’arbres sombres courbés sous la violence du vent, et de barrières en fer noir. De chaque côté, des entrepôts & des friches industrielles. Les anciens marais (Hackney Marsh) ne semblent encore pas trop utilisés. Par endroits, des passages pavés ou des bouts d’anciennes voies ferrées témoignent d’un passé industriel. Sous un autre angle, je passe pas très loin du gazomètre que j’avais admiré un peu auparavant.

Le vent gronde au-dessus de moi avec une force peu commune — mais ne m’atteint pas, protégé que je suis au fond de cette étroite vallée. Incroyable: je suis en plein Londres, et voilà un immense territoire complètement vide. Inutilisé, si ce n’est par les géants de fer (piliers électriques) qui tissent leurs fils sur toute la largeur de la Lea Valley.

Je retrouve un bras de la Lee, enjambée par un petit pont aux larges oreilles d’un rouge vif, oeuvre d’art presque choquante au sein de cette verdure presque sauvage. Devant moi s’ouvre soudain, colossal, l’ovale du recreation ground d’Hackney Marsh. Au loin, dans la brume, se distingue la pointe/pyramide de la Canada Tower (dans les Docklands). Sur cet espace dégagé, les bourrasques du vent se nettement font plus directes, plus agressives, elles pourraient presque me renverser. Je ne m’imaginais pas que cette balade serait aussi « tumultueuse ».

Lorsque la tempête se calme un peu, se sont les croassements des corbeaux qui m’accompagnent. Je halète dans mon dictaphone, le souffle bousculé par le vent.

Sur ma droite, un pont étroit au dos très arqué enjambe le bras canalisé de la Lee. De l’autre côté, derrière des petits immeubles quelconques, émergent clochetons en brique & coupoles de cuivre verdis d’une grande demeure. Leur texture rouge sombre & vert éclatant semble luire de sa propre lumière sous le ciel bas & gris.

Amateur comme je le suis de chemins au bord de l’eau, je m’empresse de rejoindre le chemin de halage du canal navigable. Londres ne cesse de m’enchanter par ses parcours aquatiques.

Qu’importe le temps: des joggeurs! Ce sont les seules personnes qui me croisent. Pour le reste c’est le désert total — ah non, je distingue là-bas un couple qui s’amuse avec un cerf-volant. Ce dernier passe en sifflant au-dessus de la rivière telle une immense aile noire, à laquelle répondent sur l’eau les caquetages de quelques foulques.

La Lea River. La rivière perdue de Londres. Je dois avouer que pendant très longtemps, je pensais que la rivière Lee avait entièrement été recouverte par la ville, et avait totalement disparue — comme la Fleet, sous la rue du même nom. C’étais avant que je ne devienne vraiment tout à fait cinglé de Londres, ne me mette à entasser cartes & guides et ne veuille explorer le moins recoin étrange de cette si vaste cité.

À un détour du cours d’eau, sur une maigre pelouse aménagée dans l’angle perdu par des cottages, s’amasse un troupeau compacte de palmipèdes variés. Canards de toutes les couleurs & cygnes au bord de l’eau.

Pauvre Lee: à moitié abandonnée, plus souvent livrée à des reliefs industriels qu’à de riches résidences du bord de l’eau. Le cul noirci d’une usine y verse ses suies, ses vieilles palettes & ses sacs éventrés: la fabrique des jouets Matchbox. De l’autre côté d’un pont, deux bancs contemplent un complexe de résidences récentes, aux allures de gentils manoirs. Un autre pont, et cette fois des cottages coquets semblent m’inviter à une promenade sur l’autre rive. Je traverse donc — mais ce n’est pas une bonne idée: la remontée de ce petit coin de paradis bourgeois s’avère fort brève, décevante, et je me perd ensuite dans un quartier très pauvre, très moche, entrepôts & usines. Je me fais aborder par des mecs en bagnole qui veulent me vendre des portables — volés, forcément volés. Agaçé, je retraverse vite la Lee pour reprendre mon chemin tranquille dans la verdure.

Un promeneur portant comme moi un sac-à-dos me dépasse. Je m’arrête pour tenter de photographier une barge à l’oeuvre sur le canal, l’autre promeneur file, je ne le reverrai plus. La barge, peinte de criarde manière en rouge & bleu, est chargée de nettoyer les eaux boueuses du canal. Deux cabines, une à l’arrière l’autre à l’avant, et entre les deux une petite grue, dont la mâchoire plonge entre les grandes herbes pour en tirer les débris charriés par le courant. Un coup de volant, la barge s’incline violemment, la grue force, le conducteur de l’avant redonne un coup de volant sur une indication de son collègue à l’arrière, la barge se restabilise, manoeuvre de nouveau… Je reprend mon chemin serein, passe sur une vieille écluse au charme pittoresque curieusement renforcé par les ruines d’un ancien moulin industriel. Combien de kilomètres encore avant la Tamise? Je ne me rend pas du tout compte — jusqu’à ce qu’une flèche m’indique 20 km. Oups. Un peu trop…

Désert de chaque côté du canal: rien sur ma rive, juste quelques usines abandonnées sur l’autre, et les restes d’une maison calcinée. Sinon, de l’herbe, de l’herbe. Et quelques canards. Et la sérénité qu’apporte une longue marche… Le panorama fluvial s’ouvre soudain: un autre canal part d’ici, à angle droit. Le Hertford Union Canal, qui relie le canal navigable de la Lee avec le Regent’s Canal. Je le regarde filer, un peu envieux: pas de chemin de ce côté-là, jamais je ne pourrais en suivre le progrès, dommage. À moins d’un jour louer une péniche (un narrow boat, comme l’on appelle à Londres les étroites péniches conçues pour naviguer sur les vieux canaux de la ville): rêve improbable…

Le canal navigable est rejoint par l’autre bras de la Lee, j’approche du point où j’ai décidé qu’il serait bon de quitter le bord de l’eau. Faute de quoi ma promenade déjà fort longue m’emmènerait sans doute trop loin: je commence à être sérieusement las. Je sors donc, avec quand même une pointe de regret, et me retrouve sous un fatras autoroutier, fort peu agréable pour les piétons. Regagnant tout de même une rue « civilisée », je reconnais la petite église de Bow Church, et… un arrêt de bus! Qui, merveille des transports en commun, me permet de prendre presque aussitôt un double decker pour King Cross/St Pancras. Que demander de mieux?

J’ai tout le temps de me délasser un peu à l’hôtel, avant de repartir pour Charing Cross: j’ai prévu d’aller au ciné, voir Gosford Park, le nouvel Altman.

J’en ressort enchanté, sous le charme tragi-comique de cette ô combien british comédie de moeurs. Un film parfaitement fait pour moi, oserai-je dire. Anglais, snob, touchant, drôle, esthétisant, raffiné, surprenant — et est-ce un hommage à Jacques Tati que le rôle (hilarant) de Stephen Fry? En sortant du ciné, je demeure un moment, adossé contre un arbre, à contempler l’immeuble voisin de l’Odeon (sur Shaftebury Avenue) luire dans la nuit de ses feux subtils. Un parfait exemple de l’architecture londonienne actuelle, un doux bonheur architectonique au sein de la vie nocturne de la capitale britannique. Autour de moi, les spectateurs quittant l’Odeon se congratulent, eux aussi ravis de Gosford Park. La tempête s’est calmée, il fait bon. Je me sens bien, en accord avec mon environnement. Belle journée…

(à suivre)

#158

Vendredi 1er février 2002

Encore un temps de chien, aujourd’hui: non pas qu’il pleuve mais il fait gris & il y a un vent terrible. J’hésite un bon moment dans ma chambre, entre mes différentes options… En fin de compte, je décide de prendre le métro jusqu’à la station Walthamstow Central. C’est à l’extrémité nord de la Victoria Line. Et pourquoi aller me perdre si loin? Because le musée William Morris!

Je me retrouve dans un petit quartier de banlieue qui fait franchement village, le marché, une rue principale qui monte — typique: les rues principales londoniennes sont généralement assez moches, avec des alignements de vilaines & minuscules boutiques aux façades couvertes de pancartes disparates; et dés que l’on regarde derrière, dans les rues adjacentes, on découvre toutes ces petites maisons, ces cottages adorables how so british, petits jardins & façades coquettes. Walthamstow ne diffère guère en cela de Barnsbury ou d’Islington, par exemple. Sur la rue commerçante, chaque magasin exigu exhibe l’étroitesse de sa vitrine, poussiéreuse de préférence, encombrée de tout un bazar (un fatras inimaginable, qu’ils ‘agisse d’un marchand de chaînes hifi, de néons & de radiateurs, de meubles anciens, de vidéos, de machines à laver…), montant à peine jusqu’à hauteur d’homme, & que surmonte un fronton multicolore où est écrit plein de trucs de manière très simple, puis encore au-dessus une fenêtre surmontée par le cône du toit. Et ainsi de suite, presque à perte de vue. Visiblement, c’est ce qui distingue le commerce londonien du commerce français, disons: tout ce qui chez nous s’achèterait dans un supermarché, ou une grande surface spécialisée, se trouve en Albion dans de petites boutiques de quartier (« Une nation de boutiquiers! » disait Napoléon-le-petit…).

William Morris Gallery. Une grande maison classique dont la façade est en pleine rénovation. Brève promenade dans le jardin qui s’étend derrière la demeure: comme d’habitude, de belles pelouses, des arbustes romantiques & tout plein de bancs, dont la plupart sont dédiés à des personnes disparues…

« In memory of Nanny Groves, aged seventy-four, always in our thoughts. »

La tempête souffle.

Dans la première pièce, au rez-de-chaussée, j’admire des tableaux préraphaélites, des Talma-Tadema, Ford Maddox Brown, Sir Edward Burne-Jones, Dante Gabriel Rossetti…

Des hurlements simiesques percent le mur depuis une pièce voisine: un handicapé moteur & mental refuse absolument de monter dans l’ascenceur. Avec les lourdes draperies de la pièce, les fenêtres fermées, ces piaillements atroces me projettent un instant dans un film de David Lynch… L’accompagnateur décide enfin d’abandonner. *Ouf*

Un immense crayonné de John Ruskin, étude du portail ouest de la cathédrale de Rouen.

Il est certain que pour être l’inventeur, pour ainsi dire, du principe moderne de la « décoration d’intérieur », William Morris avait des goûts ne coincidant guère avec ceux de nos jours… De belles pièces, de beaux papiers, mais tout est tellement chargé, tellement lourd, le décor est étouffant, sombre… Une photo de la dining room de Kelmscott House me faire même sourire, tant elle est impressionnante de surcharge pompeuse.

Je m’extasie, une fois de plus, devant des livres anciens: en particulier & bien entendu les premières pages de l’édition originale, 1893, 300 exemplaires, des News from Nowhere.

La visite du rez-de-chaussée se termine par l’expo de réalisations du mouvement Arts & Crafts, puis à l’étage un peu de vaiselle, des meubles, quantité d’autres designs de papiers peints — dont ceux de la Factory Guild, des contemporains de Morris qui avaient les mêmes options esthétiques mais utilisaient des techniques industrielles plutôt qu’artisanales.

Sortant de la galerie Morris, je redescends vers Londres, tout d’abord en traversant un petit centre commercial puis en rejoignant la rue du marché — fruits, légumes, bazar divers, des marchands qui beuglent pour attirer le chaland, la vie de tous les jours, vieils gens & jeunes couples, toujours les mêmes boutiques étroites, un Sainsbury (l’équivalent local des Monoprix, disons), il s’agit de la High Street de Walthamstow… Et toujours un vent épouvantable, les nuages sombres s’accumulent, la journée s’achèvera-t-elle sans averse?

Avant de partir, je m’étais fixé comme but cette fois d’explorer quelques coins de Londres un peu lointains, que je ne connaissais pas… Soit: je redescend donc vers le centre — à pied! Vais-je descendre jusqu’à la Tamise? Je ne sais pas trop, ne me rend pas compte de la distance. Bah, au pire je trouverai toujours un bus pour rentrer lorsque je serai fatigué.

Le « bourg » où je déambule se nomme Walthamstow Forrest: nous ne sommes pas très loin de la Epping Forrest autrefois chantée par Peter Gabriel.

De toute évidence, je n’en ai pas encore tout à fait terminé avec William Morris: sur ma gauche se trouve un centre de loisir nommé Kelmscott, et sur ma droite une excentrique église évangéliste aux lignes simples mais imposantes, tout à fait dans le style Arts & Crafts. Elle doit son nom, « The Lighthouse », à l’étonnant petit phare à l’ancienne qui termine son clocher.

La faim commence à sérieusement me tarauder, et j’ai les jambes qui commencent à me rentrer dans le corps… Ça tombe impec: la terrasse en bois beige d’un joli pub, The Hare and Hounds, me fait de l’oeil au bord de l’avenue que je remonte (Lee Bridge Road). Un fish & chips et une demi-pinte de cidre Strongbow: tout ce qu’il faut pour être heureux & se requinquer.

(à suivre)

#157

In beauty I walk…

Jeudi 31 janvier 2002

Arrivée à bon port: dix minutes de retard de l’Eurostar comme il se doit (?), mais quoi qu’il en soit, London again. Soupir de plaisir.

Belle chambre, au deuxième étage du bâtiment principal de l’hôtel: claire, relativement grande, un lit double, chic alors un peu de confort! — et du mobilier qui s’abstient d’être complètement hideux, je suis gâté, cette fois. Il y a même de jolis doubles-rideaux bleus, en sus de l’habituelle chaise verte translucide, qui est en général la seule belle chose à illuminer les pauvres chambres de l’Alhambra. Des rires d’enfants égaient le quartier, passant par-dessus les toits depuis la cour de récré, dans la rue parallèle à Argylle Street.

Journée de « mise en jambe », aujourd’hui. Je n’ai rien prévu de particulier, que me promener dans des lieux connus, toujours plaisants à retrouver. Le ciel est un marbre gris-blanc, ni chaud ni froid vraiment: Londres quoi.

Il y a de grands travaux au pied de St Pancras: on voit les jupons de pierre & d’argile sous les robes en brique de la vieille dame. En remontant l’avenue vers la British Library, j’aperçois un grand panneau proclamant que ces travaux sont l’oeuvre d’une entreprise nommée Costain/Taylor/Woodrow. Dans une de mes nouvelles [acceptée par Faeries il y a longtemps mais toujours pas parue], j’avais brièvement mis en scène le sieur Richard Costain, un fameux entrepreneur de construction, du début du XXe siècle. Amusant: un siècle plus tard, son entreprise prospère donc toujours. En fait, il se pourrait tout aussi bien que ce soit Costain qui ait construit la gare de St Pancras…

Quel meilleur moyen de débuter mon séjour qu’une petite visite de la British Library, royaume du livre s’il en fut. J’aime son architecture à la fois simple & pure, moderne & sans ostentation, presque intemporelle dans ses longues lignes & ses rouges chaleureux. Rien à voir avec l’arrogance hautaine de la BNF de Paris.

Une belle exposition de reliures en cuir, faites par des amateurs. L’art de la reliure est un « hobby » aimé des Anglais. Sont à voir ici les gagnants d’un concours national — des livres transformés en véritables oeuvres d’art. Un peu plus loin, sous les vastes murs/vitrines où les ouvrages sont entreposés en silos à la fois fonctionnels & décoratifs, une expo de lettres de JRR Tolkien, des manuscrits, des premières éditions, des illustrations originales. Émotion…

Dans une très vaste salle à l’éclairage feutré (trop feutré, j’ai de la peine à lire certaines notices) sont exposés des documents plus émouvants/significatifs encore: ainsi, un manuscrit de La Morte d’Arthur recopié du vivant de Malory, et puis Alice’s Adventures Under Ground — le véritable original, le petit cahier brun qui fut offert par Lewis Carroll à la véritable Alice. Et le manuscrit original de Rikki Tikki Tavi de Kipling, dans un grand cahier. Toute une vitrine sur Kipling: l’original de son illustration pour The Cat Who Walks by Himself, le manuscrit & la première édition des Just So Stories

Des petits écoliers anglais pépient entre les vitrines basses, ridicules dans leurs uniformes souvent débraillés, blazer gris, chemise bleue claire & une horrible cravate verte & bleu.

Je descend quelques marches pour rejoindre une expo sur les cartes — représentations du monde ou de la cité à diverses époques, fausses, falsifiées, secrètes, etc. Beaucoup d’humour (pince sans rire) pour la présentation de superbes documents. Un p’tit tour dans la boutique du musée — repérage de quelques bouquins bien alléchants, mais je peux bien être raisonnable au moins le premier jour (!), j’aurai toujours l’occasion de repasser par là.

Après la British Library, je descends me balader du côté de Gower Street, Charlotte Street, Oxford Street, tout ça… Pas grand-chose à raconter donc, juste des librairies & des rues que j’aime. Retrouvailles.

Remarquable: Contemporary Applied Arts, sur Percy Street. Le principe d’une galerie d’art, mais pour des objets utilitaires — more or less. Vases, bijoux, tapis… Des prix assez exorbitants, puisqu’il s’agit d’objets rares, mais un étonnant/séduisant décalage dans le regard que l’on peut porter sur des objets qui sont en vente mais que l’on contemple comme des oeuvres d’art dans un musée.

Je termine mon petit tour de reconnaissance par Piccadilly Circus, hello Cupidon. L’immense librairie Waterstone est ouverte jusqu’à 23h. Je n’ai pas tenu jusque là, bien sûr: fatigue du voyage, ajustements à faire avec le dépaysement/la langue anglaise… Mon premier jour à Londres est toujours un peu « flou », tête lourde, excitation & lassitude mêlées. Les émotions se bousculent, à chaque séjour londonien je me sens vivre un peu plus librement, un peu plus vivement. Légère inquiétude cependant: un petit mal de gorge depuis ce matin. Pas le moment de tomber malade! Par conséquent, je me suis rendu chez un droguiste — amusant, une partie des médicaments sont en vente libre, au même titre que le dentifrice ou le shampoing. Logique, somme toute. Vers 20h dîner dans une pizzeria, tout simplement, un peu de télé puis dodo. Débuts en douceur…

(à suivre)

#156

« Well, I’m back », comme dirait Sam…

Six jours de bonheur londonien. Oui, oui, je n’oublie pas ma promesse (!): je posterai ici mon journal de bord, au fur é à mesure que je l’aurai retranscrit/mis au propre. Je vais tacher de poster quelque chose comme une demi-journée par jour — si je parviens à tout restranscrire assez vite, pas mal de boulot puisque je n’ai rien écrit, tout est sur des bandes de dictaphone.

En attendant, deux petites choses plaisantes à mon retour: un coup de fil de chez Jean-Pierre Dionnet, qui veut acquérir les droits cinématographiques de la nouvelle « Une soupe d’ailerons de dragon » de S.P. Somtow, que j’avais publié dans mon antho Fées & Gestes. Chouette ça!

Et quelques exemplaires de l’antho Science et sortilèges dirigée par Nicolas Cluzeau aux éditions Nestiveqnen. Où se trouve publiée ma nouvelle « Au soleil de ses paroles », co-écrite avec mon cousin californien Bruno B. Bordier — une collaboration débutée il y a presque 18 ans! Grand plaisir de voir enfin aboutir notre étrange projet… Au même sommaire, notamment, des nouvelles de mon compagnon de Gang Jean-Jacques Girardot, du camarade Johan Heliot, et at long last l’excellente/touchante « Le shériff mécanique » de Ken Rand (traduite par Bruno), un p’tit auteur américain que je ne suis pas peu fier d’avoir fait découvrir chez nous.

En passant: le chouette site d’un copain dessinateur ô combien doué, Jean-Philippe Peyraud.