#287

Ce soir j’annonce à mon boss que je désire passer à temps partiel, trois jours par semaine.

Mon copain/collègue Rafu a déjà demandé la même chose, mais dans un autre contexte — de départ progressif, sans doute. Comment la direction va-t-elle réagir à ma demande? Ce n’est pas gagné d’avance, je suppose. Mais ce me semble être la seule démarche que je puisse entreprendre; une évolution naturelle. J’ai besoin de temps pour écrire, je m’épuise un peu trop à bosser sans rémission, je ne gagne vraiment pas assez par ma plume pour en vivre, j’ai besoin du salaire de la librairie pour vivre: un temps partiel serait donc sans doute parfait.

On verra bien.

#286

Lectures désuètes: Les Copains de Jules Romain (quel vocabulaire délicieux! Bourré de trouvailles épatantes & marrantes). Et un polar anglais datant de 1965, The Graveyard Shift, par Harry Patterson. Je ne sais rien de cet auteur, ai acheté ce petit hardcover d’occase lors de ma dernière virée chez les bouquinistes londoniens… Il s’agit d’une sorte de « police procedural », genre Ed McCain par exemple, mais avec une très forte atmosphère, vraiment bien rendue. Le style oscille entre un lyrisme de bon aloi et des clichés assez décevants par endroit, mais conserve toujours une certaine fascination. Cette première enquête du flic Nicholas Meyer se situe dans une ville non nommée du Nord de l’Angleterre, sur les bords de la Tamise. Le tout proposant un mélange intéressant (selon moi) entre la nonchalance & les dons d’observation des « Maigret », et une dureté plus réaliste, plus moderne. J’en ai un autre, de 1967, Brought in Dead, qu’il faudra aussi que je lise un de ces quatre.

Je lis pas mal de polars, ces temps derniers: il s’agit de la conjonction à la fois de mon goût pour le genre, et de mon besoin de « documentation », de mise dans le bain — écrivant moi-même des nouvelles policières (quoique sur fond uchronique), j’essaye d’en varier un peu les atmosphères, les manières de faire, et lis donc avec un oeil très intéressé des tas de polars différents… Et aussi des documents policiers, anciens: souvenirs de flics, de détectives, de cambrioleurs… Il y a toujours des petites choses à y glâner, des savoir-faire, des trouvailles de style ou d’atmosphère, des anecdotes. Parfois aussi, des détails peuvent m’inspirer une intrigue, ou du moins une partie d’une ligne narrative. J’aime beaucoup ces lectures mélangeant « plaisir de lire » & « envie de comprendre le fonctionnement ».

Sinon, j’ai rédigé la majeure partie de mon prochain « Petit maître de la fantasy », pour Faeries. Je pensais qu’il serait sur Frank Stockton — un auteur américain de contes de fée, de la fin XIXe — et puis finalement, comme je reçevais enfin un bouquin mêlant bio & documentation sur l’illustrateur Ernest H. Shepard (remember: les dessins de Winnie-the-Pooh et du Vent dans les Saules), je me suis lancé dans ce sujet-là. Le doux soleil de cette après-midi m’invitait à me poser dans le fauteuil du salon, le livre dans une main et un carnet dans l’autre, pour prendre tranquillement des notes — qui se sont vite transformées en rédaction pure & simple de l’article. Stockton attendra bien la prochaine fois — ou la suivante: je pense aussi bosser sur Giambattista Basile, un auteur italien de contes de fée, du XVIIIe (dont une réédition va être faite en France à la rentrée). Il y a tant d’oeuvres & de vies d’artistes à explorer!

#285

En ce moment, je n’écoute guère que du David Sylvian.

Il faut dire que, non content de sévèrement idôlatrer le monsieur depuis belle lurette (ah! quand je pense que ces ânes bâtés de Libé parlaient de Bowie comme le « dandy du rock », tu parles!), j’ai récupéré de lui & coup sur coup rien moins que six albums & quelques… Argh! Deux doubles compilations, avec les bonus, et un double live (non officiel, ce dernier, hélas, mais d’un son quasiment parfait).

Le bonheur.

Sinon, découvert avec plaisir qu’une autre de mes idôles musicales, monsieur Tim Bowness, tenait depuis peu un weblog — chic alors!

Pour le reste, je bois des thés très étranges — merci Sara! Du « Pu Ehr Impérial » (de Chine) & du « Genmaicha » (du Japon). Really weird indeed. Et j’écris, bien entendu…

Lecture? Une biographie de Jacques Tati.

#284

Noté le 8 août 2002:

Journée près de St Jean de Bournay. Chez les parents de Jérôme, un vieux copain qui vit au Luxembourg & que je ne vois donc plus guère qu’une fois par an, à l’occasion de cette très sympathique virée à la campagne…

Troisième fois que je fais ça et j’y prends goût: ils habitent en pleine zone rurale, joli paysage depuis chez eux (un immense champ puis la barre verdoyante d’une colline), parents adorables (je connais d’ailleurs son père depuis plus longtemps que Jérôme lui-même: il était client à la librairie), Gilbert est un passionné de vieilles revues & de littérature populaire — et puis il y a la piscine, pas des moindres dans l’attrait d’une telle escapade.

C’est Gilbert qui est venu me chercher au train, à la gare de Bourgoin: pas un bien long trajet ferroviaire pour moi depuis la Part-Dieu, et peu onéreux. Gilbert, donc, avait une petite course à effectuer dans Bourgoin, j’en ai donc profité pour faire un rapide tour du vieux centre ville. Oh, pas grandiose, Bourgoin-Jallieu a d’ailleurs nettement la réputation, dans la région lyonnaise, d’être une très vilaine petite ville. Mais voici que justement, du fait d’une si vilaine renommée, je me suis trouvé agréablement surpris. Ce que j’ai vu de Bourgoin pourrait aussi bien être un mignon petit quartier traditionnel de Lyon, en fait. Avec peut-être un rien de charme provençal (déjà) dans certaines façades (murs ocres & volets vifs).

Nous nous garons auprès d’une petite place en demi-lune, agréablement soulignée par un immeuble moderne au bon goût peu courant: surprenantes balustrades de balcons en béton blanc sculpté de formes géométriques, tendues par des solives en métal, croisillons des maintiens, bord du toit ondulé: rien de révolutionnaire, mais il est si rare de voir même un soupçon de style architectural dans les immeubles ordinaires…

Un peu plus loin, un musée joliment contemporain (verre & acier) jouxte le charme simple d’une petite chapelle. Contraste étonnant avec une usine (minoterie? je ne sais plus) qui s’élève juste de l’autre côté de la rue, haute & massive forme de béton brut. Ses minuscules ouvertures carrées me rappellent plus une forteresse médiévale qu’un bâtiment industriel. Une ancienne halle, rénovée.

Et de petites rues piétonnes; toute cette petite ville est (trop) marquée du stigmate d’une croissance exagérée, trop importante pour sa structure traditionnelle. Bourgoin semble visiblement surpeuplée. Elle a du être une bourgade agréable, autrefois, et présente pour qui sait y voir, dans ce quartier central en tout cas, quelques jolis restes. Cette grande demeure médiévale avec sa tour perçant au-dessus des toits (la maison des Avocats). Cette cathédrale trapue, sur le parvis de laquelle grouille l’animation d’un marché…

Et le reste de ma journée? Baignades, repas simple & copieux, papotages… Comme le renouvellement annuel d’une amitié à la fois pas « évidente » (qu’avons-nous en commun, Jérôme & moi?) et toujours décontractée, naturelle. La météo peut être instable, le baromètre de notre bonne entente demeure constant.

#283

Nothing much to say, but a lot to do. Temps libres studieux: lecture de quelques nouvelles policières classiques, d’un peu de documentation — toujours en vue de mes (trop nombreuses) nouvelles policières entamées… Mise au propre de notes & de textes… Petites retouches sur le dico féerique…

Et puis rédaction des découpages des dernières planches d’une BD, ça urge, le dessinateur (Patrick Larme) en a besoin pour avancer. L’album est censé sortir en novembre, chez un nouvel éditeur, Jet Stream. À la dérive, que ça va s’appeler (tome 1, « L’envol »). Fantasy rigolote, plutôt pour ados.