#529

Quelle est difficile, la nostalgie. On aimerait croire qu’à un niveau ou un autre, métaphysique, éthérique? les murs résonnent encore de nos rires, de nos discussions passionnées. Et considérés de l’extérieur, les lieux ne semblent pas avoir changés: les mêmes tables bleues, la même pizza informe peinturlurée sur la vitrine, le même nom…

Las, le temps a passé: Béchir tient maintenant une épicerie je ne sais plus où dans Villeurbanne, et même son frère Mohamed, qui avait repris l’affaire fut un temps, se sera donc fatigué: deux jeunes tiennent la boutique, derrière un comptoir trop haut. Et finie l’odeur de graillon — remplacée par celle de la javel, gagnons-nous rélellement au change?

Les murs devenus blancs, les tables alignées serrées, la cuisine au fond qui a disparu pour faire un peu plus de place — « notre » kebab s’est transformé, plus froid, plus anonyme, et jusqu’aux infâmes tableaux multicolores qui ont été remplacés par leur équivalent photographico-computérisé. La modernité a rattrapé mes souvenirs: maintenant, même le kebab se découpe à l’aide d’une sorte de gros rasoir électrique.

Combien d’années? Deux ans, trois ans? Chaque jeudi midi ceux de la Gang se réunissaient là. No more.

#528

Remarquez, mon précédent titre de blog * relevait également de l’allusion aux littératures du merveilleux, puisque le never-neverland est le pays enchanté de Peter Pan — renommé en français « pays de nulle part ».

Et comme ma vie s’accompagne toujours de musique, progressive si possible, « Neverland » se trouve aussi être le titre d’un morceau de marillion — pas encore sortit, à venir sur leur prochain album, mais déjà entendu sur un enregistrement de concert.

Enfin, je viens de porter la hi-fi chez le réparateur, et le magnétoscope vient aussi de tomber en panne. Pile au moment où nous venions d’acheter un lecteur DVD de salon & de brancher icelui sur la chaîne afin d’avoir un beau son… « Sac à papier! », comme dirait le comte de Champignac. Pas de chance. Je sens que le temps va sembler long, d’ici le retour de la chaîne… Parce qu’hélas, le son du téléviseur est plus que médiocre…

(* j’aime bien l’idée d’en changer de temps à autre, juste pour le plaisir)

#527

Ah, Alice… Plongé jusqu’au nez dans le merveilleux, je retombe sur cet adorable poème de Lewis Carroll…

C’est brillig et les slithy toves

Gyre et gimble dans le wabe:

Mimsy sont tous les borogoves

Et les mome-raths outgrabe.

Et d’ajouter que « brillig » veut dire quatre heures de l’après-midi… Tiens, ça ferait un chouette titre de blog ça, non?

Et André de se mettre en fond musical le morceau « Twas Brillig » de Hugh Hopper & Robert Wyatt, dont il a ainsi enfin compris le titre. 😉

#526

À défaut de me rendre hier à Roanne comme prévu, pour voir l’expo Marquet, je me suis rabattu aujourd’hui sur une expo de la bibliothèque de la Part-Dieu — juste à côté de chez moi. Le Médecin et le criminel, voilà un titre qui ne pouvait manquer d’attirer mon attention.

Lyon se trouve être le berceau de la médecine légale moderne, par l’action du Professeur Alexandre Lacassagne, un auguste chercheur & érudit (1843/1924), qui n’a pas laissé derrière lui seulement le nom de la triste avenue qui passe à deux pas d’ici, mais a surtout ouvert (avec son collègue italien Lombroso) les portes de l’anthropologie criminelle & de la médecine légale. Des domaines dans lesquels l’ont ensuite suivi son élève, le Docteur Edmond Locard, qui acheva d’en poser les fondations, toujours valables de nos jours.

Passionnante exposition, donc, pour un passionné de romans policiers & d’enquêtes criminelles! Une quantité impressionnante de documents, pour un parcours qui débute avec l’affaire Vacher, « le tueur des bergers »: premières pages de la presse de la Belle Époque, photos, reconstitutions, autographes du criminel, pièces du dossier, etc. Le Juge et l’assassin, mais en vrai. Puis ensuite toute la carrière de Lacassagne, et ses descendants, au premier rang desquels Edmond Locard. Une expo singulière, parfois inquiétante, en tout cas instructive: la naissance de la police scientifique & du rôle du médecin comme expert, comme des éclairages typiquement « polar » de notre société.